Après la France, les Pays-Bas déclarent maintenant que le nombre de citoyens ayant des anticorps contre le coronavirus est limité. Par conséquent, les espoirs d’une avant-garde forte capable de stimuler le redémarrage des économies européennes s’évaporent progressivement.
Il y avait bon espoir qu’une grande partie de la population s’était emparée du coronavirus sans même le savoir, ne présentant aucun symptôme mais accumulant bien des anticorps.
Après avoir développé une forme d’immunité et n’étant plus porteurs du virus, ces patients asymptomatiques formeraient alors le premier groupe qui pourrait être redéployé dans l’économie, et ce pour trois raisons:
- Ils sont probablement eux-mêmes temporairement protégés du virus
- Ils ne constituent pas une menace pour les autres citoyens
- Ils créent un ‘mur’ naturel qui bloque la propagation exponentielle du virus
La ville de Paris envisage même de délivrer à ces ‘privilégiés’ un ‘certificat d’immunité’. La ‘carte d’immunité’ serait aussi une variante. Certains ont même eu l’idée de bracelets, mais le virologue Marc Van Ranst pense que ce serait pousser le bouchon un peu loin.
Pas 60 % mais 3 %
Aujourd’hui, tous ces beaux espoirs commencent à s’effriter. Il est de plus en plus évident que le groupe d’immunité est actuellement beaucoup plus réduit que ce que l’on espérait. Selon les experts, une immunité de groupe de 60 % ou ‘immunité collective’ est le seuil stratégique qui peut rendre le virus plus faible. Les premières indications en provenance de France et des Pays-Bas suggèrent que nous en sommes encore bien loin.
Les Français estiment à environ 10 % la proportion de leur population ayant accumulé suffisamment d’anticorps. ‘Nous sommes loin de l’immunité de groupe’, a déclaré le président français Emmanuel Macron en début de semaine.
L’estimation néerlandaise est encore trois fois inférieure. Jeudi, l’Institut national néerlandais pour la santé publique et l’environnement a estimé, sur la base de tests effectués sur des donneurs de sang, qu’environ 3 % des Néerlandais ont maintenant accumulé des anticorps contre le coronavirus. Calculé sur la base de l’ensemble de la population, cela ne concerne pas des millions de citoyens, mais tout au plus ‘quelques centaines de milliers’, selon l’Institut national de la santé publique et de l’environnement (RIVM).
Incertitude
Nos voisins du nord ont toutefois pris des mesures de quarantaine moins strictes que la Belgique et la France, ce qui aurait dû en théorie entraîner un plus grand nombre de patients asymptomatiques et une immunité de groupe plus rapide. Le directeur du RIVM a ajouté que beaucoup de points sont encore flous. On ne peut pas dire avec certitude si ces personnes sont réellement immunisées contre le virus. Ils disposent seulement d’une ‘forme de défense’.
La conclusion? Nous ne pouvons toujours pas compter sur une présence importante de personnes immunisées au sein de la population. Cela rend la ‘stratégie de sortie’ et le redémarrage de l’économie et des écoles d’autant plus délicats…
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