Le vaccin contre le COVID-19 ne devrait pas être distribué avant fin 2021. C’est en tous les cas ce qu’affirment les experts de la santé du célèbre Institut Johns Hopkins.
Depuis un certain temps déjà, plusieurs pays sont dans la course pour être les premiers à commercialiser un vaccin contre le COVID-19. La Russie prétend même déjà être en possession d’un tel vaccin, bien que le monde médical ait de sérieux doutes sur l’efficacité de ce dernier. Il en va de même pour l’armée chinoise qui a avancé des propos similaires. Quant au reste du monde, il projette de commercialiser un vaccin pour novembre ou décembre 2020. C’est en tous les cas ce que les politiques et les laboratoires scientifiques espèrent.
Un autre problème se pose alors. Comment vacciner des milliards de personnes dans les délais les plus brefs? Tant que tout le monde ne sera pas vacciné et ‘en sécurité’, personne ne le sera réellement.
Le monde logistique n’est pas prêt
Transporter et véhiculer un vaccin contre le COVID-19 sera un défi de taille et le monde de la logistique n’y est pas préparé, comme l’affirment des collègues de chez Bloomberg. Selon les experts, le transport réfrigéré des vaccins serait la difficulté majeure de l’opération. Les vaccins doivent être maintenus constamment à une température basse, certains même à moins de 80 degrés Celsius et un petit dysfonctionnement pourrait altérer l’efficacité de tout un stock.
‘Le transport aérien réfrigéré pose généralement problème, car les marchandises restent souvent un moment à l’aéroport, même en Europe’, déclare Jan Fransoo, professeur de logistique à l’université Kuehne Logistiek.
Qui sera prioritaire?
Ensuite vient le problème de la distribution et de l’administration des vaccins. Qui est prioritaire? Probablement les personnes âgées, le personnel médical et les personnes exerçant des professions essentielles. ‘Se pose alors la question de définir le terme de ‘profession essentielle’ et de la manière dont on fera tourner l’économie’, explique Naor Bar-Zeev, de l’école de santé publique de l’Institut Johns Hopkins à Bloomberg.
Selon Naor Bar-Zeev, le vaccin ne devrait pas être distribué avant fin 2021 : ‘C’est une estimation raisonnable’, ajoute-t-il. ‘Aujourd’hui, nous sommes confrontés à ce qu’est la science en temps réel, et c’est positif pour le futur de la science et la confiance qu’on lui accorde. Mais à l’heure actuelle, la situation est délicate’, déclare-t-il.
Le vaccin revêt désormais une dimension politique
Les vaccins et la confiance que l’on peut avoir en eux sont également devenus une question politique. Les citoyens sont en effet confrontés à la politisation du COVID-19 et aux doutes quant à l’efficacité des vaccins.
Au cours de ces dernières années, on a remarqué que l’essor des médias sociaux était lié à la naissance des ‘antivax’, des personnes opposées aux vaccins. Des petits groupes de personnes se sont alors montrés très efficaces dans la diffusion de fausses informations sur les vaccins. Ces derniers faisaient par exemple circuler des rumeurs comme quoi Bill Gates aurait développé et déployé le Coronavirus pour monétiser un vaccin mis au point grâce à ses fonds. On a également laissé entendre que les pylônes du réseau 5G accéléraient la propagation du virus. Ces rumeurs ont pris tellement d’ampleur que l’OMS considère désormais le ‘doute sur l’efficacité de la vaccination’ comme l’une des dix plus grandes menaces sanitaires.
L’Europe est loin d’être la région la plus septique du monde
L’année dernière, le journal Le Figaro avait publié un graphique dont on pouvait déduire que la France était en tête dans les pays d’Europe à s’opposer au vaccin. Un Français sur trois aurait des doutes quant à l’efficacité des vaccins, contre un Belge sur cinq et un Britannique sur douze. Néanmoins, l’Europe est loin d’être la région du monde à être la plus sceptique en ce qui concerne la sécurité des vaccins.
La Belgique semble rester optimiste pour l’instant. Mais 32 % des personnes interrogées pensent que les nouveaux vaccins comportent plus de risques que ceux qui sont utilisés depuis plus longtemps. Près d’une jeune mère sur cinq estime aussi que son enfant ne devrait pas être vacciné contre des maladies qui ne sont plus répandues aujourd’hui. Ce chiffre est de 22 % pour les femmes enceintes et de près de 25% pour les parents d’adolescents.
Un mouvement ‘anti-vaccin’ bien huilé
L’acceptation générale d’un vaccin contre le Covid-19 est loin d’être garantie. Alors que nous voyons des plateformes telles que Facebook et YouTube lutter pour arrêter la propagation de vidéos comme ‘Plandemic’, qui explique que la pandémie a été orchestrée pour imposer des vaccins, beaucoup s’inquiètent du moment où il faudra convaincre des milliards de personnes de se faire vacciner. Les chances que les gouvernements et réseaux sociaux soient sur le banc de touche par un mouvement anti-vaccination bien huilé, qui a déjà maîtrisé la diffusion de la désinformation et des théories de conspiration, ne sont pas inconcevables.