Les marchés boursiers américains ont explosé lundi après que la société de biotechnologie Moderna a annoncé des ‘résultats très favorables’ sur les tests effectués avec un vaccin potentiel contre le coronavirus. À peine un jour plus tard, Wall Street était déjà moins enthousiaste, les résultats s’étant révélés bien moins prometteurs que ce qui avait été annoncé…
Les bourses sont naturellement trop enthousiastes aux annonces d’une éventuelle percée qui pourrait déboucher sur un vaccin. Depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais les ravages économiques mondiaux n’ont été aussi importants en un laps de temps aussi court que la pandémie.
Mais tout reviendra-t-il à la normale une fois qu’un tel vaccin sera sur le marché? En d’autres termes, l’économie reviendra-t-elle à ce qu’elle était avant la crise du coronavirus? Avant la distanciation sociale, les masques et les ‘lavez-vous les mains’ en continu?
Dans une note aux clients, la banque d’affaires française Natixis émet des réserves sur un tel scénario pour plusieurs raisons.
‘Les effets du marché’
Il y a tout d’abord les effets du marché, les ‘stock effects’ causés par la crise.
On peut ici distinguer deux catégories:
- Les entreprises les plus endettées ont accumulé des dettes pendant la pandémie afin de faire face à la crise, ce qui réduit leur capacité d’investissement.
- La plus grande réserve d’argent créée par les banques centrales. Cet argent se retrouve généralement sur les marchés boursiers et immobiliers, où des bulles menacent. D’ailleurs, les premiers chiffres montrent que le secteur de l’immobilier sera à peine touché par la crise.
D’autres changements
Mais la crise a déclenché une série de changements qui modifieront l’économie de façon permanente.
- Un retour aux chaînes d’approvisionnement régionales plutôt que mondiales. Cela se manifestera principalement dans un certain nombre de ‘secteurs stratégiques’ (produits pharmaceutiques, télécommunications, énergies renouvelables,…).
- La modification de l’organisation du travail au bureau, qui sera désormais effectué en grande partie à domicile (de 10 à 15 % avant la crise, à environ 35 à 40 % pendant et après la crise). Outre le secteur de la construction et la vente de biens immobiliers commerciaux, cela aura également un impact sur les déplacements domicile-travail.
- La popularité du commerce en ligne est croissante et irréversible. La Bank of America a publié en début de semaine des chiffres montrant que les achat en ligne ont augmenté davantage au cours des 8 dernières semaines qu’au cours des 10 dernières années.
- Plusieurs gouvernements font dépendre l’aide financière d’urgence dans cette crise, sous la pression de l’opinion publique, des objectifs climatiques et environnementaux.
- Enfin, il n’est pas impossible qu’un comportement différent se développe chez les consommateurs qui prendront des précautions en prévision d’éventuelles crises sanitaires futures. (Les consommateurs économiseraient encore plus et achèteraient moins de choses, par exemple).
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