Boom de l’e-commerce: ‘Le coronavirus signe la fin des livraisons bon marché’

En pleine crise du coronavirus, les livraisons de colis ont le vent en poupe, et c’est un véritable casse-tête pour le secteur. Ce boom implique par ailleurs des paquets plus volumineux, ce qui signifie pour les livreurs un nombre de livraisons plus faible et donc des revenus en baisse, pointe Roel Gevaers, de l’UAntwerp.

L’explosion de l’e-commerce en cette période de confinement, et plus globalement de crise du coronavirus, a entraîné une hausse spectaculaire des livraisons de colis. ‘On délivre aujourd’hui parfois plus du double du nombre de colis que l’on ferait un jour normal en cette période’, expliquait jeudi Delphine Van Bladel, porte-parole de Bpost, à la RTBF. ‘On est à plus de 450.000 colis par jour.’

Une hausse qui, en plus d’augmenter le stress et la pression sur l’organisation et les travailleurs, a également des conséquences inattendues. ‘Plusieurs sociétés de livraison sont en demande de camionnettes supplémentaires, comme la Poste, FedEx, etc. qui tapent à la porte chez nous’, confirmait hier Michael sacré, responsable des véhicules utilitaires chez Europcar, à la chaîne publique.

‘Nous sommes dans une situation particulière’, répondait Delphine Van Bladel, pour expliquer le recours par Bpost à des camionnettes de location. ‘Les véhicules neufs ne sont plus livrés et les garages aujourd’hui sont fermés. Nous ne pouvons donc pas faire réparer certains de nos véhicules qui auraient besoin de réparations.’

‘Les prix vont augmenter’

S’ils sont plus nombreux, les colis sont également plus volumineux. Ce qui signifie que ‘les prix des livraisons à domicile vont devoir augmenter’, estime l’économiste spécialisé dans le transport, Roel Gevaers.

‘Auparavant, nous achetions principalement en ligne de petits appareils électroniques, des jouets et des vêtements’, explique-t-il ce vendredi à Belga. ‘C’est complètement différent à présent: nous achetons beaucoup de meubles, des jouets plus grands comme des trampolines, des kits de bricolage et de la nourriture. À l’exception de ce dernier point, il s’agit d’articles qui sont en moyenne beaucoup plus lourds et plus grands qu’auparavant’

Un changement de comportement qui n’est pas sans conséquence pour les entreprises de livraison. ‘Elles ont investi dans la manutention automatisée, avec des tapis roulants qui traitent 90% des petits et moyens colis’, décrit encore Roel Gevaers. Par contre, ‘le traitement de gros colis entraîne des retards sur le tapis roulant, et beaucoup d’entre eux doivent être traités manuellement’.

Le casse-tête du ‘dernier kilomètre’

Et à l’avenir, ce spécialiste du secteur ne s’attend pas à voir les comportements des acheteurs en ligne revenir à ce qu’il était avant la crise.

Par ailleurs, le fameux ‘dernier kilomètre’ de la livraison d’un colis ne peut pas (encore?) être automatisée. Par conséquent, c’est donc toujours une personne qui doit s’en charger, généralement des coursiers indépendants. ‘Aujourd’hui, un coursier reçoit entre 1,5 et 2 euros par colis livré. Et il peut servir en moyenne 80 à 100 personnes par jour ouvrable, ce qui lui rapporte 150 à 200 euros. Ce montant doit servir à payer tous les frais (carburant, camionnette, taxe…)’.

Des colis plus gros signifiant moins de livraisons, les revenus des livreurs sont donc en baisse. Roel Gevaers en conclut donc que ‘soit les coursiers vont disparaître, ce qui est problématique car il y a déjà une pénurie, soit ils vont devoir augmenter leurs tarifs’. Avec comme conséquence pour le consommateur final, ‘la fin des livraisons à domicile bon marché’ et des prix qui s’approcheront plus de ceux des grands acteurs du marchés que sont DHL, UPS, etc.

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