Un second mandat de Trump renforcerait la nécessité pour l’Europe de jouer un rôle plus indépendant et plus sûr d’elle sur la scène mondiale. Abandonner la dépendance traditionnelle à l’égard de l’Amérique, pour un avenir plus équilibré et plus résilient.
Un second mandat Trump mettra-t-elle enfin l’Europe sur la voie de l’autodétermination ?

Pourquoi est-ce important ?
La dynamique actuelle entre l’Europe et l’Amérique mine l’indépendance du Vieux Continent et sa capacité à promouvoir ses propres intérêts. Cela affecte à la fois les relations géopolitiques et la force interne de l'Europe sur la scène mondiale.Dans l’actualité : dans un article d’opinion sur UnHerd, Richard Vinen, professeur d’histoire au King’s College de Londres, souligne la longue histoire de l’hégémonie américaine en Europe.
- Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle vise à contrer l’Union soviétique.
- Mais la Russie moderne est plus petite, compte moins d’alliés que l’URSS et n’est pas très attractive pour les élites européennes.
- Vinen critique en outre le fait que les États-Unis supportent une part disproportionnée du fardeau militaire de l’OTAN. Et il pense que l’Europe devrait être capable de contenir la Russie de manière indépendante.
Autonomie
Zoom avant : la politique « America First » de Trump souligne la nécessité pour l’Europe de moins dépendre des États-Unis et de prendre davantage ses propres décisions.
- La vision des États-Unis comme « phare de la démocratie » doit être reconsidérée, écrit l’universitaire. L’Europe devrait traiter l’Amérique comme elle traite la Chine ou la Russie, en donnant la priorité à ses propres intérêts.
- Des exemples historiques tels que Harold Macmillan montrent que les dirigeants européens reconnaissaient autrefois la valeur de la relation avec les États-Unis, mais sans attachement émotionnel. Cela contraste avec des dirigeants ultérieurs comme José-Maria Aznar, Tony Blair et David Cameron.
- L’ancienne chancelière allemande Merkel n’a pas manqué une occasion de souligner que l’Europe – avec Trump à la Maison Blanche – devait prendre son avenir en main. Mais elle n’était pas disposée à débloquer des fonds pour l’OTAN.
- À cet égard, la Belgique se distingue particulièrement dans son sous-investissement en matière de défense.
Un héritage de la guerre froide
Zoom arrière : la dépendance de l’Europe à l’égard des États-Unis est un héritage de la guerre froide et ne reflète pas les réalités géopolitiques actuelles.
- Vinen note que la politique étrangère américaine d’après-guerre a été largement influencée par les Européens. Zbigniew Brzezinski (conseiller à la sécurité nationale de 1977 à 1981) et Madeleine Albright (secrétaire d’État de 1997 à 2001) sont nés respectivement en Pologne et en Tchécoslovaquie. Henry Kissinger n’est arrivé aux États-Unis qu’à l’adolescence et n’a jamais perdu son fort accent allemand.
- Une Europe plus indépendante pourrait poursuivre une politique internationale plus équilibrée et plus polyvalente. Ce qui pourrait conduire à de nouvelles alliances et stratégies, conclut Vinen.
- Nous n’en sommes pas encore là. Poutine parie que les États-Unis abandonneront leurs engagements transatlantiques après les élections présidentielles de l’année prochaine. Si cela se produit, on n’ose imaginer ce qu’il adviendra de l’Europe, selon l’ancien vice-chancelier allemand Joschka Fischer. Le monde serait encore plus incertain et dangereux qu’il ne l’est déjà.
- Ce mercredi, Thierry Breton a justement exhumé des propos de Donald Trump, qui datent de 2020 : « Vous devez comprendre que si l’Europe est attaquée, nous ne viendrons jamais pour vous aider et vous soutenir », lançait Donald Trump à Ursula von der Leyen, au Forum de Davos, en Suisse.
« De toute façon, l’Otan est morte, et nous allons partir, nous allons quitter l’Otan !
«
(OD)