Depuis le début de la crise sanitaire, Sciensano a déjà été critiqué plusieurs fois pour son manque de transparence. A présent, un rapport de la Commission d’accès aux et de réutilisation des documents administratifs (CADA) indique que l’Institut de santé publique doit publier les chiffres précis de l’ensemble des hôpitaux du pays.
Depuis de nombreux mois, la députée fédérale Frieda Gijbels (N-VA) demande à Sciensano de faire preuve de plus de transparence. Elle désire que l’Institut de santé publique dévoile dans ses bulletins épidémiologiques les chiffres exacts des patients hospitalisés (et quelle proportion est aux soins intensifs) et décédés des suites du Covid-19 dans chaque hôpital belge.
‘L’accès à ces données est crucial pour pouvoir, en tant que parlementaire, suivre correctement la politique de santé et l’ajuster si nécessaire. Je n’ai pas besoin de données personnelles nominatives, qui mettraient Sciensano en tort, mais de données anonymes agrégées par hôpital’, expliquait-elle.
Dans un premier temps, Frieda Gijbels avait fait sa demande à la ministre de la Santé Maggie De Block (Open Vld). Elle s’était heurtée à un refus. La parlementaire s’était ensuite directement adressée à Sciensano. Même réponse.
Les arguments de Sciensano
Pour justifier son refus de communiquer les données précises de chaque hôpital, Sciensano avait avancé plusieurs arguments.
D’une part, l’Institut de santé santé publique avait jugé la demande infondée. Les chiffres par hôpitaux ne permettraient pas de tirer une quelconque conclusion utile à la lutte contre le virus. Chaque hôpital reçoit des patients plus ou moins nombreux dans des états plus ou moins grave. Comparer les différents établissements entre eux n’aurait pas lieu d’être.
D’autre part, Sciensano estimait que publier de tels chiffres pourraient inciter les citoyens à tirer des conclusions hâtives sur certains hôpitaux… et à les éviter. Un phénomène qui pourrait même s’étendre plus loin qu’à la crise du coronavirus.
‘Les chiffres par hôpital peuvent entraîner des effets indésirables pour les patients atteints de maladies chroniques, qui peuvent alors avoir peur d’aller dans cet hôpital’, avait répondu à l’époque Maggie De Block à Frieda Gijbels.
La CADA donne raison à Gijbels
Face aux refus de Maggie De Block et de Sciensano, Frieda Gijbels avait décidé d’adresser une demande à la Commission (fédérale) d’accès aux et de réutilisation des documents administratifs (CADA). Cette commission consultative indépendante émet des avis concernant la publicité des documents administratifs et sur son respect de la législation en la matière.
Knack a pu examiner le rapport de la CADA. Et celle-ci torpille Sciensano. Pour elle, d’éventuelles conclusions hâtives tirées par certains citoyens n’engendreraient pas une mise en danger de la santé de la population. Sciensano devrait publier les chiffres de chaque hôpital et les enrichir d’une explication.
De plus, la CADA estime que davantage de transparence est nécessaire pour susciter dans la population une meilleure compréhension de la situation sanitaire. Donner plus d’informations aux citoyens leur permettrait de mieux adhérer aux mesures en vigueur.
Frieda Gijbels s’est évidemment réjouie de la réponse de la CADA. Elle espère à présent que le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (SP.A) va en tenir compte pour demander à Sciensano de rendre publics les chiffres du coronavirus de tous les hôpitaux.