Un pilote Ryanair: ‘J’espère qu’on n’aura pas besoin d’un crash pour secouer tout le monde’

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Dans l’émission ‘Reporter’ de la KRO, la chaîne catholique diffusée aux Pays-Bas, quatre pilotes de la compagnie à bas prix Ryanair ont exprimé leurs préoccupations concernant la manière dont vont les choses avec leur employeur. Tous les quatre expliquent être ‘pour des raisons d’économies, mis sous pression afin de faire le plein le moins possible, de sorte qu’ils volent régulièrement avec moins de carburant que ce qu’ils souhaiteraient’. Et ils considèrent leur participation à l’émission de la KRO comme un appel à l’aide.Voici quelques-unes des phrases les plus marquantes de cette émission: »J’espère qu’on n’aura pas besoin d’un crash pour secouer tout le monde », affirme l’un d’eux. »Nous sommes toujours à la limite, en ce compris à la limite de la légalité », estime un autre. « Si ça impacte la sécurité? Oui, c’est le cas », enchaîne un troisième. »Si rien ne change, on va régresser avec la sécurité », réagit encore un des pilotes. »Oui, j’ai peur que quelque chose ne se produise si les choses ne changent pas ». Les quatre pilotes en ont également à l’encontre du management. « Un régime de pression, une dictature », affirme un ancien commandant de bord. Ils évoquent « une culture de la peur, profondément ancrée » au sein de la compagnie. ‘Lorsque les pilotes expriment leurs préoccupations, ils sont sanctionnés’, racontent-ils. Celui qui émet une critique peut s’attendre à une mutation vers une base éloignée de son domicile.

Dans un courrier du 21 décembre, Ryanair a nié les allégations des 4 pilotes, affirmant que le simple fait qu’ils s’abritent derrière l’anonymat révèle que leurs affirmations sont mensongères, et rappelant que les instances européennes de contrôle de la sécurité aérienne n’ont guère eu besoin de se cacher pour attester de la sécurité offerte par la compagnie irlandaise. 

En 2009 déjà, diverses associations du secteur mettaient en garde contre une pratique courante de Ryanair. La compagnie faisait décoller ses avions avec une quantité minimale de carburant. Lorsqu’une congestion survient au-dessus de l’aéroport de destination, les pilotes Ryanair demandent toujours à pouvoir atterrir en priorité, en raison de la menace de panne sèche.Au cours des derniers mois, une polémique avait surgi à propos des réserves de carburant des appareils Ryanair, après que trois avions aient dû effectuer un atterrissage d’urgence à Valence, le 26 juillet, et ce en raison d’un manque de carburant. L’autorité aéronautique espagnole, l’AESA, a entamé une enquête.Le dernier incident date du 23 septembre dernier, lorsqu’un Boeing 737 en route depuis Manchester vers la ville allemande de Memmingen a failli s’écraser. Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, un des pilotes aurait admis que l’équipage se trouvait sous une forte pression en termes de délais, parce que l’appareil avait décollé avec 30 minutes de retard. Les pilotes auraient alors décidé d’approcher la piste d’atterrissage dans un autre sens que prévu initialement, au risque de conséquences fatales.Ryanair a reçu au cours des dernières années au moins 100 avertissements pour des infractions diverses, mais jusqu’alors, rares étaient les instances qui ont tenté d’y mettre de l’ordre. La compagnie se refuse d’ailleurs de parler d’atterrissages d’urgence.Ces derniers mois, plusieurs appareils de Ryanair ont fait l’objet de contrôle carburant dans notre pays. Aucune irrégularité n’a été constatée, ont précisé les autorités aéronautiques belges dans la foulée de l’émission ‘Reporter’ de la KRO.Ryanair exerce ses activités depuis 1985, et n’a jamais été impliqué dans un accident mortel.

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