Le va-et-vient dans les décisions d’Elon Musk sur le modèle à suivre pour Twitter, mais surtout sa volonté d’instaurer la liberté d’expression totale (sans prendre en compte toutes les formes de discriminations qui peuvent en découler) ne rassurent pas les investisseurs. Ils pourraient se détourner du réseau social, alors qu’ils en sont la principale source de revenus.
Dans l’actualité : Elon Musk a payé 44 milliards de dollars pour acquérir Twitter. La plateforme n’en valait en réalité que 38 au moment de l’achat, et sa dette se creuse. Musk est à la recherche d’économies et de nouvelles entrées financières.
- Après une première proposition de 19,99 dollars par mois et une remarque sèche de l’auteur Stephen King qui a fait changer d’avis Elon Musk, le nouveau propriétaire du réseau à l’oiseau bleu propose désormais un autre prix : 8 dollars par mois pour conserver le badge bleu de vérification de son compte.
- Cet abonnement, pensé pour lutter contre les bots et les faux comptes, pourrait déjà voir le jour la semaine prochaine, rapporte Bloomberg.
- Autre mesure pour faire des économies : Musk souhaite se débarrasser de la moitié des effectifs de Twitter. C’est déjà moins que le licenciement des trois quarts des effectifs prévu lors de l’officialisation du rachat.
- Dans le cadre de ce rachat, il a régulièrement plaidé pour faire de la plateforme l’antre de la liberté d’expression totale. De nombreux observateurs craignent que ce soit la porte ouverte à toute forme de contenu haineux et à la propagation de fausses nouvelles.
L’essentiel : Jusque-là, la principale entrée financière de Twitter était la publicité. Et les annonceurs ne sont pas contents avec ce va-et-vient dans les décisions de Musk, tout comme avec cette idée de liberté d’expression « totale ». Ils le veulent sur le grill.
- Un responsable d’une importante agence de publicité, resté anonyme, s’est confié à Reuters. Il indique que son agence, main dans la main avec ses clients, s’entretiendra avec Elon Musk cette semaine. Dans le viseur : comment Elon Musk veut s’attaquer à la désinformation.
- Le responsable souligne aussi que Musk lui-même n’est pas en reste concernant la désinformation. Ce week-end, il avait par exemple partagé un article propageant des fake news sur l’attaque qu’a subie Paul Pelosi, mari de Nancy Pelosi. Il lance aussi régulièrement des invectives contre le New York Times, qui selon lui serait une source de désinformation. Une critique qui rappelle l’ancien président Donald Trump, que Musk pourrait d’ailleurs faire revenir sur le réseau.
- Autre critique de la part des annonceurs : cet abonnement payant et la volonté de réduire la publicité de moitié. Le fait que le responsable de la publicité chez Twitter n’y soit plus les met aussi devant une impasse : ils ont perdu leur point de contact, et la personne n’a pas encore été remplacée.
Le chiffre : La publicité, c’est 90% des revenus de Twitter, ou plus de cinq milliards de dollars tous les ans.
- Les perdre serait une très mauvaise nouvelle. Elon Musk, épaulé par des proches issus du milieu de l’investissement, aligne les rendez-vous pour rassurer les annonceurs.
- Mais pour certains d’entre eux, le mal est déjà fait. Un autre responsable d’une agence de publicité a confié à Reuters que certains de ses clients ont arrêté, pour l’instant, de payer pour faire de la pub sur Twitter dès cette semaine. D’autres sont déjà partis du réseau depuis plus longtemps : dès que Musk a fait son offre de rachat. Ce responsable dit ne pas vouloir rencontrer Musk avant qu’il ne « fournisse une mise à jour substantielle sur la façon dont la plateforme servira les annonceurs. »
- Mais : Elon Musk ajoute de l’huile sur le feu. Il a fait un sondage sur Twitter, mercredi soir, où il demandait à ses fans si les annonceurs devaient plutôt soutenir la liberté d’expression ou le politiquement correct. « Des provocations qui n’aident pas à calmer les choses », pour le responsable de l’agence de publicité.
- Bref, une plateforme où la discrimination de tout type règnerait en maître ne semble en tout cas pas être bonne pour les affaires. Les annonceurs sont loin d’être rassurés.