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49 euros par mois pour tous les transports en commun : la bonne idée de l’Allemagne est moins vertueuse que prévu

49 euros par mois pour tous les transports en commun : la bonne idée de l’Allemagne est moins vertueuse que prévu
Le ministre allemand des Transports Volker Wissing et le direteur des transports publics berlinois Erfurt. (JOHN MACDOUGALL/AFP via Getty Images, Bernd von Jutrczenka/picture alliance via Getty Images)

Introduit en mai, le Deutschlandticket permet de prendre (quasiment) tous les transports publics allemands pour seulement 49 euros par mois. Alléchant, a priori. Pourtant, il semblerait que l’effet de la formule sur les émissions globales du secteur des transports ait été surévalué.

Pourquoi est-ce important ?

Parmi les solutions "pro-climat" qui impliquent directement le citoyen, l'usage accru des transports en commun et une réduction du temps passé en voiture sont souvent citées. Encore faut-il que les trains, bus et autres métros soient accessibles financièrement. Et sur le plan pratique.

L’essentiel : une mesure aux effets exagérés ?

  • Alors qu’il a été mis en place pour réduire les émissions du secteur des transports, le Deutschlandticket devrait avoir des effets bien différents selon les agences qui les ont estimés.
  • A priori, le ministère en charge du dossier a bien trop arrondi les angles, faisant fî d’autres difficultés causées par la mesure.

Le contexte :

  • Il y a quelques mois, nous vous rapportions que l’Allemagne était parvenue à réduire son bilan carbone entre 2021 et 2022, malgré la relance de certaines centrales au charbon.
  • Une fois passé au crible, le bilan montrait qu’il y avait toutefois toujours deux mauvais élèves : les bâtiments et les transports. Pour ce dernier secteur, en plus de louper l’objectif, les émissions ont même augmenté (+0,7%) en un an.
  • Parmi les mesures prises par le ministère des Transports, il y a donc le Deutschlandticket.
    • Introduit en mai, il permet, pour 49 euros par mois, de prendre à peu près tous les trains, bus, métros, trams et même ferries d’Allemagne.

Certaines difficultés éludées

Le problème : pas les mêmes calculs.

  • Selon le ministère des Transports, la mise en place du Deutschlandticket devrait déboucher sur une réduction cumulée des émissions de 22,6 millions de tonnes jusqu’en 2030.
    • Sachant que les émissions du secteur étaient de 148 millions de tonnes l’an dernier, c’est plutôt de bon augure. D’autant plus que ce ticket n’est qu’une mesure parmi de nombreuses autres qui doivent permettre de verdir les transports allemands.
  • Toutefois, tout le monde n’est pas d’accord avec ces calculs, rapporte Euractiv. Ainsi, selon l’Agence fédérale de l’environnement, le Deutschlandticket ne permettra de réduire les émissions de que 4,2 millions de tonnes d’ici la fin de la décennie. Soit plus de cinq fois moins que prévu.

Les explications : pour certains Allemand, le Deutschlandticket n’est pas intéressant.

  • Cette nette différence de calcul est épinglée dans un récent rapport par le Conseil allemand des Experts du Climat. Et selon lui, c’est bien le ministère des Transports qui enjolive ses calculs.
  • Il ne prend par exemple pas en considération le fait que comme le nombre de passagers dans les transports en commun va augmenter, l’attractivité de ces derniers va diminuer.
  • De plus, les calculs du ministère des Transports ne prendraient pas suffisamment en compte les limitations de capacité du réseau de transports allemands.
  • Un autre problème concerne les zones rurales : certaines étant très mal desservies, le Deutschlandticket n’y est en réalité que très peu utile, pour ne pas dire inutile.

Les problèmes s’accumulent

Conclusion : les objectifs ne devraient pas être atteints.

  • Le Deutschlandticket n’est pas la seule mesure aux effets surévalués, estiment les experts allemands. Ce serait aussi le cas, entre autres, de la taxe sur le CO2, qui arrivera en fin d’année.
  • Dès lors, ils estiment que le secteur des transports dépassera sa trajectoire d’émissions de 117 à 191 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030.

En plus d’être potentiellement moins efficace qu’annoncé, le Deutschlandticket rencontre un autre problème depuis quelques jours : son mode de financement. Le gouvernement fédéral et les Lands ont du mal à trouver un accord pour prochaines années. Ce qui fait craindre aux associations de protection des consommateurs que le prix du billet n’augmente à l’avenir, le rendant forcément moins attrayant – un tiers des Allemands le considérant déjà comme étant trop cher.

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