The Guardian rappelle que jeudi prochain, le Shard, un gratte-ciel de 72 étages, sera inauguré à Londres en présence du Premier ministre du Qatar et du Prince Andrew (le frère du Prince Charles). Culminant à 310 mètres, l’immeuble est le plus haut d’Europe.
Conçu par l’architecte Renzo Piano, il est détenu à 95% par le gouvernement du Qatar. Son promoteur, Irvine Sellar, dit qu’il s’agit d’une « ville virtuelle », parce qu’il englobe un hôtel coté 5 étoiles au Guide Michelin et plusieurs restaurants également cités dans le fameux guide. 10 de ses appartements seront proposés à la vente pour des prix compris entre 30 et 50 millions de livres, avec vue sur la Mer du Nord distante de 60 km, temps permettant. « A ce niveau du marché, il n’y a guère que 25 à 50 acheteurs possibles dans le monde. Les agents les contacteront directement par téléphone », explique l’attaché de presse de la compagnie. Les locaux de la base de l’immeuble fourniront des bureaux pour des sociétés de gestion de hedge funds et des financiers à la recherche de surface à un coût plus abordable qu’à la City même.
Le Shard démontre comment l’élite impose sa volonté sur les Londoniens ordinaires, estime le journaliste qui rappelle que le bâtiment a été édifié à proximité du Pont de Londres, au mépris des protestations du voisinage, des groupes de défense des monuments architecturaux et d’un avertissement de l’Unesco, qui menace de remettre en cause le statut d’élément du Patrimoine Mondial de l’Humanité de la Tour de Londres, toute proche. Réservé aux 1%, il ne sera en contact avec des travailleurs ordinaires que lorsque les employés chargés de son entretien arriveront par les bus de nuit en provenance de leur banlieue, suppute le journaliste. « Donc, le Shard : il est cher. Il est outrancier. Il est largement détenu par des gens qui ne vivent pas ici. Et il est la métaphore parfaite de ce que notre capitale est en train de devenir », conclut-il, désabusé.