À partir de quelle température une personne jeune et en bonne santé se retrouve en danger ? Cela dépend beaucoup de l’humidité, mais les taux sont en fait bien plus bas qu’on ne le pensait. Et bien plus bas que les prévisions dans certaines régions du monde.
L’été 2023, celui de tous les records, à l’échelle mondiale ? C’est en tout cas bien parti : le monde a connu son mois de juin le plus chaud jamais enregistré, a annoncé le 6 juillet l’observatoire européen Copernicus. Et la liste de villes dépassant les records locaux au thermomètre depuis le début des mesures s’allonge quasiment de jour en jour dans le sud de l’Europe comme au Maghreb, et jusqu’en Chine ou en Californie.
Et ça ne fait que commencer : nous sommes encore bien loin des augmentations moyennes de la température de 2, voire 3°C à l’échelle de la planète que l’on craint à terme. Mais, même si c’est un cap symbolique, on s’attend à dépasser le record absolument de température jamais enregistré sur Terre : le 16 juillet dernier, le mercure est monté à 53,3°C dans la Vallée de la Mort, dans le désert des Mojaves, en Californie. Le record mondial absolu est de 56,7°C. On peut encore le battre cette année.
C’est énorme, mais il n’en faut pas autant pour nous tuer, loin de là. Même si la chaleur n’est pas la seule donnée à prendre en compte pour établir une limite : l’humidité ambiante et peut-être la donnée la plus importante.
La chaleur, et surtout l’humidité
Une fameuse étude publiée en 2010 est souvent mise en avant pour démontrer que, à partir de 35°C à 100% d’humidité relative dans l’air, notre organisme n’arrive plus à maintenir stable sa température interne. Une limite qui grimpe jusqu’à 46°C à 50% d’humidité relative. (notre zone de confort étant d’environ 20 °C et 50% d’humidité). C’était donc la limite à tracer avant que la météo ne tue. Sauf qu’elle a depuis été testée, et remise en question.
Des sujets d’expérience, des hommes et des femmes jeunes et en bonne santé, ont été placés dans une chambre à environnement contrôlé du laboratoire Noll de l’université de Penn State pour subir différents niveaux de « stress thermiques ». Les cobayes avaient auparavant avalé une petite pilule télémétrique qui surveillait en permanence leur température corporelle profonde, ou température centrale, décrit Science Alert. Dans toute une série d’expériences, on a ensuite observé jusqu’à quelle température et quel taux d’humidité la température centrale des sujets restait stable. On parle de « limite environnementale critique », au-dessus de laquelle le corps commence à avoir du mal à maintenir ses systèmes à une température interne confortable et où des troubles peuvent se développer à moyen terme.
Les limites mortelles
Une limite qu’on atteint en fait dès les environs 31 °C dans une gamme d’environnements où l’humidité relative est supérieure à 50%. Elle est encore de 38°C à 60% d’humidité, mais elle tombe à 30,5 dès qu’on atteint 100% d’humidité. C’est vraiment beaucoup moins que ce qui était attendu.
Rappelons que ces tests ont été menés sur des personnes jeunes et en bonne santé, auxquelles on n’a pas demandé d’efforts particuliers. Dans des conditions de vie quotidienne, et pour de larges parts de la population, le danger apparait bien plus vite. D’autant que même des températures et un taux d’humidité inférieurs peuvent exercer un stress sur le cœur et d’autres systèmes de l’organisme. Il fait actuellement 34°C pour 60% d’humidité à Delhi, et 32°C pour 75% d’humidité à Miami ou à Vientiane. Tout le monde ne peut pas passer la journée sous la climatisation ; on peut véritablement parler d’une météo qui tue. Il n’est pas exclu que, dans un futur proche, certaines régions du monde deviennent à peu près inhabitables.