Taxe et quotas de carbone ont rapporté 57 milliards de dollars en 2020, malgré la pandémie

Les revenus du carbone dans le monde, générés par des taxes ou par les marchés de quotas, ont bondi en 2020 à près de 57 milliards de dollars, selon les calculs de l’Institute for Climate Economics (I4CE).

« Malgré le Covid-19 et la situation sanitaire, on voit une augmentation des revenus du carbone », souligne Marion Fetet, chargée de recherches pour l’I4CE et l’un de deux auteurs de la note publiée jeudi sur les « comptes mondiaux du carbone en 2021 ».

Sur l’année, les revenus du carbone se sont montés à 56,8 milliards d’euros, dont 29,5 milliards issus d’une taxe carbone et 27,3 milliards des marchés de quotas. C’est une hausse de plus de 18% par rapport à un an plus tôt (47,9 milliards), et plus de trois fois plus qu’en 2016.

Derrière ces revenus, il y a une véritable hétérogénéité des prix du carbone: « plus de 46% des émissions régulées par une tarification du carbone sont couvertes par un prix inférieur à 10 dollars (8 euros) », observent ainsi les auteurs de l’étude. C’est bien loin du « consensus scientifique international [qui] estime que le plein effet d’incitation de ces mécanismes est atteint pour des prix entre 40 et 80 dollars par tonne de CO2 en 2020 », rappelle l’I4CE.

« Cela pose la question de la cohérence », affirme Marion Fetet à l’AFP: d’un côté, les gouvernements taxent le carbone, de l’autre les subventions aux énergies fossiles « représentent encore a minima 450 milliards de dollars en 2020 », selon l’étude.

Comment sont investis les revenus ?

On peut aussi s’interroger sur l’utilisation des revenus générés. En France par exemple, la totalité des revenus de la taxe carbone vont au budget général de l’État, tandis qu’au Japon 100% sont « fléchés vers des projets de développement durable ».

Pour les auteurs, le sujet « continue à monter », notamment alors que l’Union européenne, dans le cadre de la réforme de son système d’échange de quotas d’émissions (SEQE, ou ETS selon l’acronyme anglais), veut mettre en place un « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières », pour les produits importés à fort contenu carbone.
« Cela a fait bouger d’autres pays qui jusque-là ne bougeaient pas du tout », souligne Marion Fetet.

Ainsi selon les auteurs, « en réaction à l’annonce européenne, plusieurs pays (Russie, Malaisie, Kazakhstan) ont déjà annoncé la mise en place d’un prix du carbone en 2022 ».

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