« Le cycle mondial de resserrement monétaire est terminé », mais à quand les premières baisses des taux d’intérêt ?

« Le cycle mondial de resserrement monétaire est terminé », mais à quand les premières baisses des taux d’intérêt ?
Jerome Powell (Fed), Christine Lagarde (ECB) – Getty Images

Alors que la BCE a opté pour une (dernière) hausse des taux d’intérêt, qualifiée de « dovish », les plus grandes banques centrales ont appuyé sur le bouton pause. Pour beaucoup d’analystes, le pic des taux d’intérêt a enfin été atteint et les marchés se tournent déjà vers la prochaine étape : à quand une baisse des taux ?

Pourquoi est-ce important ?

Les banques centrales font face à 3 dilemmes : trouver un équilibre entre un ralentissement de l'économie, une inflation encore trop importante et l'impact différé des taux d'intérêt. La question que tout le monde se pose est de savoir si les banques centrales n'ont pas été trop loin. Dans quel cas, les baisses des taux interviendront plus vite que prévu.

Dans l’actu : le resserrement de la politique monétaire sans précédent touche à sa fin.

  • La Fed a été la première à annoncer une pause dans la hausse des taux d’intérêt ce mois-ci. Désormais, les taux sont compris entre 5,25 et 5,50%.
  • La Banque d’Angleterre a suivi, en indiquant, elle aussi, une pause, ce qui a d’ailleurs surpris, pour fixer son taux à 5,25%, après 14 hausses consécutives.
  • La BCE a décidé d’augmenter ses taux de 0,25%, mais cette augmentation a été qualifiée de « dovish » (colombe, en opposition au faucon), car les commentaires de Lagarde ont clairement indiqué que cette hausse serait sans doute la dernière. Le taux de dépôt est désormais fixé à 4%.

« Le cycle mondial de resserrement monétaire est terminé », a analysé pour le Financial Times Jennifer McKeown, cheffe économiste à Capital Economics.

L’inflation baisse partout

L’indicateur principal : où en est l’inflation ?

  • Pour les États-Unis, l’objectif est en bonne voie. L’inflation est passée de 9,1% en juin dernier à 3,7% en août. Le problème est que l’inflation n’a plus vraiment baissé depuis deux mois, ce qui a poussé Jerome Powell, le président de la Fed, à opter pour un ton belliciste, ce qui a, au passage, fait plonger les marchés. L’inflation devrait reprendre sa marche en baisse en septembre, où un taux de 3,1% est attendu.
  • Le Royaume-Uni est dans la situation la plus délicate, avec une inflation qui est toujours de 6,7% sur base annuelle. Mais les prévisions pour le mois d’août tablaient sur 7%, ce qui pourrait indiquer que la BoE est à présent sur le bon chemin.
  • Du côté de la zone euro, l’inflation va aussi dans la bonne direction, passant de 10,6% en octobre 2022 à 5,2% au mois d’août. Là aussi, la baisse n’a pas été très marquée durant les mois d’été, mais ça devrait changer en septembre : d’après les prévisions de Bloomberg Economics, l’inflation devrait subir un nouveau coup, pour atteindre 4,6%.

Baisse des taux : la grande incertitude

L’essentiel : à quand la baisse de taux ?

  • Forcément, les marchés tentent déjà d’anticiper les baisses des taux. La BCE prévoit toujours une inflation moyenne de 3,2% l’année prochaine, ce qui reste bien au-delà de l’objectif (arbitraire) des 2%. Il n’y aurait pas de retour à cet objectif avant 2025.
  • Le Conseil des gouverneurs de la BCE, qui compte 28 membres, reste donc très prudent et ne laisse aucun indice sur un éventuel calendrier. Les banques centrales sont clairement dans une phase où elles doivent regagner de la crédibilité, et cela passe par la réalisation de leur objectif principal, quitte à en faire trop. Les marchés tablent, eux, sur une première baisse des taux en juillet prochain au niveau de la zone euro.
  • Aux États-Unis, la première baisse devrait, elle aussi, intervenir l’année prochaine. Mais les taux d’intérêt devraient rester hauts plus longtemps que ce qui était prévu plus tôt cette année.
  • Il y a également une réflexion en cours sur les taux neutres, ceux qui permettent d’atteindre l’objectif de 2% d’inflation. Ils pourraient être plus élevés qu’avant. Comprendre : l’ère des faibles taux d’intérêt pourrait être révolue à jamais.

Dernière question : l’augmentation des prix du pétrole pourrait-elle être un grain de sable dans la baisse de l’inflation ? À court terme, peut-être. Mais ces prix prohibitifs devraient ensuite contribuer à ralentir l’économie.

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