Stupeur en Allemagne: l’un des dirigeants de Wirecard était un indic des services secrets autrichiens

Le scandale financier Wirecard, qui a secoué l’Allemagne l’été dernier, est en train de prendre une tournure politique. Il apparaît qu’un des anciens directeurs de la société de paiements en ligne informait le BVT, les services de renseignement autrichiens.

En juin dernier, le géant allemand de la fintech Wirecard s’est crashé dans un lourd fracas. Plongée dans un scandale financier aux allures de thriller, la firme avait fini par déposer le bilan.

Rappel des faits

Cotée à la bourse de Francfort et membre de l’indice Dax, Wirecard était visée par une enquête menée par la BaFin (l’Autorité fédérale de supervision financière allemande) pour des soupçons de fraude. Parmi les (nombreuses) irrégularités décelées chez Wirecard, elle avait notamment découvert que son chiffre d’affaires avait été gonflé artificiellement via de prétendus comptes d’une valeur de plus d’1,9 milliards d’euros placés aux Philippes.

Arrêté en juillet dernier, l’ancien PDG du groupe, Markus Braun est soupçonné de fraude, de détournement d’argent et de délit d’initié. Trois autres de ses associés sont toujours sous les verrous actuellement.

Mais depuis que le scandale a éclaté, la justice allemande cherche aussi à mettre la main sur Jan Marsalek, ancien directeur des opérations de Wirecard. Celui-ci s’est volatilisé lorsque le scandale a éclaté. Malgré un avis de recherche lancé par Interpol, il est toujours introuvable. Et des informations détonantes viennent de sortir dans la presse allemande à son sujet.

Confirmation du ministère de la Justice

Jeudi soir, plusieurs médias allemands ont révélé que Jan Marsalek était un ‘indic’ des services de renseignement autrichien (BVT).

Ces révélations font ensuite à une question posée par le député Fabio De Masi au gouvernement fédéral. Le ministère de la justice lui a répondu qu’il enquêtait effectivement sur le fait que ‘le citoyen autrichien Jan Marsalek était dirigé en tant que personne de confiance par un employé de l’Office fédéral autrichien pour la protection de la Constitution et la lutte contre le terrorisme (BVT)’.

Le procureur général fédéral, qui mène l’enquête, ne dispose pas encore de toutes les preuves pour affirmer que Marsalek était bel et bien au service du renseignement autrichien, mais les indices allant dans ce sens seraient de plus en plus probants.

Le législateur allemand Patrick Sensburg, qui siège à la commission parlementaire de contrôle du renseignement, a même déclaré au quotidien économique Handelsblatt que Marsalek pourrait avoir travaillé pour plusieurs agences d’espionnage simultanément.

Les chanceliers se taisent

A l’heure actuelle, l’Autriche n’a pas encore réagi officiellement à ces informations. La chancellerie fédérale allemande non plus. S’il est avéré que Marsalek travaillait pour le renseignement autrichien, les relations germano-autrichiennes pourraient être sérieusement mises à mal. En effet, cela signifierait que l’Autriche a placé un espion dans le leadership d’une d’une entreprise qui figurait à l’époque parmi les plus puissantes d’Allemagne.

Outré, le député De Masi a exigé une réaction urgente de la part d’Angela Merkel. ‘La chancellerie devrait immédiatement décrocher son téléphone et demander à Sebastian Kurz (ndlr: le chancelier autrichien) ce que font les Autrichiens ici’, avant d’indiquer qu’il faudrait faire appel à l’ambassadeur autrichien en Allemagne si les soupçons se confirmaient.

Début octobre, la presse allemande avait révélé que Marsalek avait pris un avion en Autriche le 19 juin pour se rendre à Minsk (Biélorussie). A l’époque, il n’y avait pas encore de mandat d’arrêt contre lui. Son vol était donc légal. Depuis, certains médias pensent savoir qu’il se cache aux Philippines ou en Chine.

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