Starship est-il un caillou dans la chaussure lunaire ?

Jeudi de la semaine dernière, la fusée la plus puissante du monde réussissait son premier décollage… Avant d’exploser quatre minutes après. Cela reste un succès, clame depuis Elon Musk. Mais les autorités fédérales américaines n’en sont pas si convaincues. Car l’impact du lancement sur les environs a été bien plus important que prévu.

La FAA, l’administration fédérale de l’aviation aux États-Unis, a suspendu tout lancement pour le programme Starship Super Heavy de SpaceX en début de semaine. C’est là un processus standard : la fusée ayant explosé, il est normal qu’on retire au modèle son autorisation de voler jusqu’à ce qu’on en sache plus.

Incendie et nuage de béton pulvérisé

Mais depuis, les inquiétudes grandissent sur l’impact du lancement sur les environs. Alors que la zone probable de projection de débris n’excédait pas un kilomètre carré, selon les estimations de SpaceX, le décollage a projeté de gros morceaux de béton et de métal à des kilomètres de là, et la ville de Port Isabel, à près de 10 km de la Starbase, a été recouverte d’un nuage de béton pulvérisé. Une poussière dont ont ne sait pas si la concentration était suffisante pour occasionner des problèmes de santé, ou affecter les sols.

« Ils ont envisagé des débris provenant de ces lancements, mais pas qu’une partie de la rampe de lancement elle-même soit soufflée à des kilomètres de là et éparpillée dans le paysage. Ce qui s’est passé n’est pas ce qu’ils avaient prévu. »

Jared Margolis, avocat principal du Center for Biological Diversity, cité par Reuters

Autre sujet d’inquiétude, l’impact du lancement sur la nature. Car la Starbase se trouve à proximité directe de la réserve naturelle nationale près de Boca Chica Beach, une zone refuge pour de nombreuses espèces menacées. L’U.S. Fish and Wildlife Service, l’institution fédérale américaine qui gère ce genre de zone, a constaté un incendie de 1,4 hectare sur les terres avoisinantes ainsi que des projections de débris, mais n’a pas signalé d’animaux blessés ou morts sur les terres gérées par le service après le lancement. SpaceX n’a pas commenté ces déclarations.

Un caillou dans la chaussure lunaire

Le hic, c’est que ce genre de désagréments imprévus risque de se reproduire au prochain lancement de la fusée, si toutefois elle obtient à nouveau une autorisation de décoller. Et encore faut-il réparer les dégâts occasionnés sur la base. Entretemps, les associations écologiques ont réclamé une étude plus approfondie des risques potentiels pour la sécurité publique et la faune. Le prochain vol d’un Starship risque de prendre plus de temps que les quelques mois annoncés. Et les administrations civiles américaines seront, cette fois, deux fois plus regardantes au facteur risque.

Et c’est bien embêtant pour l’ensemble du programme spatial américain, car le Starship était censé devenir la nouvelle monture de la NASA pour son programme de missions lunaires Artemis, en particulier pour ravitailler les astronautes basés sur notre satellite ou dans son orbite. Celui-ci devait être testé, sans équipage, dans un aller-retour vers la Lune dès 2024.

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