Starlink risque-t-il de se transformer en cadeau empoisonné pour les Ukrainiens ? La solide mise en garde d’Elon Musk

Très rapidement après le début de la guerre en Ukraine, Elon Musk y a fait envoyer des terminaux Starlink, pour permettre aux locaux de conserver un accès Internet après l’attaque russe. Mais il va falloir les utiliser avec une extrême précaution.

Avec les bombardements, l’accès à Internet est devenu très incertain dans certaines régions de l’Ukraine. Une solution a été trouvée en quelques jours: Starlink, le système d’Internet par satellite de SpaceX. Interpelé par le Vice-premier ministre ukrainien, Mykhailo Fedorov, Elon Musk lui a aussitôt répondu. Les premiers terminaux sont arrivés au pays dès lundi.

Mais voilà que l’enthousiasme autour de Starlink retombe déjà. Car les terminaux pourraient très bien devenir la cible de frappes russes. C’est Elon Musk lui-même qui a tenu à mettre en garde les Ukrainiens, via Twitter.

« Avertissement important : Starlink est le seul système de communication non russe qui fonctionne encore dans certaines parties de l’Ukraine, la probabilité d’être ciblé est donc élevée. Veuillez l’utiliser avec prudence », a tweeté le patron de SpaceX.

L’homme le plus riche du monde a ensuite donné quelques conseils, tels que « allumez Starlink uniquement lorsque cela est nécessaire », « placez l’antenne aussi loin que possible des personnes » et « placez un camouflage léger sur l’antenne pour éviter la détection visuelle ».

« La Russie a de l’expérience pour frapper les gens en ciblant leurs communications par satellite »

Avant Elon Musk, un (encore plus) sérieux avertissement avait déjà été émis sur Twitter par John Scott-Railton, chercheur au Citizen Lab de l’Université de Toronto et du piratage et de la surveillance dans les zones de conflit.

Dans un long thread, l’expert souligne que « si Poutine contrôle l’espace aérien au-dessus de l’Ukraine, les liaisons montantes des utilisateurs deviennent des balises… pour les frappes aériennes ». « La Russie a des dizaines d’années d’expérience dans le ciblage des communications par satellite », rappelle-t-il, avant de donner des exemples plus ou moins récents, notamment en Tchétchénie et en Syrie.

Interrogé par CNN, Scott-Railton a ajouté que « les risques n’ont rien à voir avec le fait que les communications soient cryptées, car les dispositifs ne doivent pas nécessairement être écoutés par l’ennemi. « Ils doivent simplement émettre des signaux suffisamment uniques pour être recherchés et éventuellement localisés », a-t-il expliqué.

« Pour des raisons de sécurité, il ne faut pas installer [un terminal Starlink] (ou tout autre émetteur distinctif) en Ukraine à proximité d’un endroit où on ne voudrait pas qu’une bombe russe tombe », a résumé Nicholas Weaver, chercheur en sécurité à l’Université de Californie à Berkeley, au média américain.

La Russie y voit un acte hostile

Evidemment, le « don » d’Elon Musk à l’Ukraine n’a pas échappé à la Russie. Dmitry Rogozin, le chef de l’agence spatiale russe Roscosmos, a déclaré percevoir cela comme un « acte hostile », rapporte CNN. Selon lui, les affirmations de SpaceX selon lesquelles Starlink est destiné à un usage civil et a pour but de connecter le monde sont des « contes de fées ».

« Les muskophiles disent que c’est incroyable, c’est la lumière de notre exploration cosmique mondiale », a commenté Rogozin. « Eh bien, [Musk] a pris parti. Je n’ai pas de problème avec lui. C’est évident, c’est l’Occident, auquel nous ne devrions jamais faire confiance parce qu’il a toujours éprouvé chroniquement de la jalousie, parmi les élites politiques, de la jalousie envers notre pays. Regardez comment, en ce moment même, ils se font la course pour déféquer sur nos relations, et qui va nettoyer tout le bazar après ? C’est très dangereux ce qui se passe en ce moment ».

Elon Musk a eu tôt fait de réagir, non sans ironie: « L’Internet civil ukrainien connaissait d’étranges pannes – du mauvais temps peut-être ? – SpaceX aide donc à les réparer », a-t-il répondu.

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