Les sorcières roumaines travaillent maintenant en ligne

En Roumanie, pays à l’économie vulnérable et au niveau de corruption élevé, il y a un marché qui se porte comme un charme, celui de la sorcellerie.

C’est la solution à presque tous les problèmes possibles : faire ou défaire un mariage, soigner des maladies, lancer des mauvais sorts, lire l’avenir dans les cartes de tarot, libérer des âmes ensorcelées, ramener les maris volages…

« Les Roumains vont voir des sorcières pour se rassurer »

À Bucarest, 4 habitants sur 10 consultent « de façon régulière ou occasionnelle » une sorcière, selon l’enquête menée l’an dernier par l’anthropologue Vintila Mihailescu. Il explique que « ce chiffre, très élevé, s’explique par la montée du sentiment d’insécurité lié à la crise économique. Même dans les milieux aisés, les Roumains ont peur de l’avenir, alors ils vont voir des sorcières pour se rassurer ».

En effet, après la mort du dictateur Nicolae Ceausescu en 1989, la sorcellerie a fait une remarquable percée dans un pays en transition où de nombreux Roumains se sont retrouvés laissés-pour-compte.

On dénombre aujourd’hui des centaines de praticiennes dans la capitale Bucarest, souvent d’origine gitane – de nombreux Roumains pensent que les femmes roms possèdent des pouvoirs mystiques qu’elles se transmettent de génération en génération.

Des clients d’Europe, d’Asie et des Etats-Unis

Mais attention, pas de vieux clichés ! Les sorcières s’adaptent aux temps modernes. Jusqu’en 2002, elles vantaient leur don sur des chaînes de télévision privées avant que le Conseil national de l’audiovisuel n’interdise la publicité des sorcières sur le petit écran, ce dont elles se sont offusquées comme d’un « retour aux pratiques du Moyen-Âge ».

Maintenant, grâce à Internet et à Facebook, elles peuvent attirer des clients d’Europe, d’Asie et des Etats-Unis, comme l’explique Mihaela Minca, sorcière, dans cet article de Reuters : « Rien n’a changé, le métier est le même, mais il est désormais beaucoup plus facile pour nous d’être en contact avec des clients d’autres pays ».

Enfin, les sorcières ont aussi leurs problèmes. Depuis janvier 2012, la profession de sorcière est officiellement reconnue en Roumanie, classée sous la rubrique « Travailleurs décrivant le passé et prévoyant les événements futurs ». Et qui dit statut officiel, dit impôts… Ni une ni deux, les sorcières en colère ont lancé un sort au gouvernement en jetant de la mandragore dans le Danube.

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