Que ce soit en Amérique du Nord ou en France, le géant de l’e-commerce Amazon est sous le feu des critiques pour ne pas protéger suffisamment son personnel contre le coronavirus. L’enrichissement du fondateur Jeff Bezos de plusieurs milliards de dollars depuis le début de la crise ne facilite pas la conversation entre le sommet et la base…
‘Shut down Amazon’, tel est le nom du mouvement de protestation qui a vu le jour il y a plus d’un mois dans le centre de distribution d’Amazon à Staten Island, New York, et qui n’a cessé de se développer depuis. Selon les militants, Amazon prend trop peu de mesures pour protéger ses employés contre le coronavirus.
Le chef d’équipe Chris Smalls est un ancien employé qui a récemment été licencié par Amazon pour avoir incité ses collègues à protester. Selon ses propres termes, il a été ‘catapulté’ dans le rôle de porte-parole d’une ‘révolution, qui est maintenant mondiale’. Amazon compte environ 800.000 employés.
Smalls, qui a lui-même été infecté par le Covid-19, indique que le virus continue de circuler dans le centre de distribution où il travaillait. ‘Et alors qu’une grande partie des employés sont de jeunes non-blancs vivant encore chez leurs parents.’ Selon lui, les conditions de travail ne sont pas assez sûres. Amazon a réagi le mois dernier par des mesures de protection et des promesses financières, notamment une prime de travail supplémentaire de 2 dollars de l’heure. Smalls, qui a reçu le soutien de l’ancien candidat à la présidence Bernie Sanders, appelle cela ‘l’argent du sang’. Son groupe d’action demande la fermeture du centre de distribution de New York pour une désinfection complète.
Démission du vice-président
Les protestations se sont entre-temps étendues aux supermarchés American Wholefoods, qui appartiennent également à Amazon, et ont reçu un soutien interne inattendu. Tim Bray, vice-président et ingénieur du service de cloud computing d’Amazon Web Services, a aussi démissionné le 1er mai pour protester contre la culture de l’entreprise. Selon ses propres termes, il perd un million de dollars en compensation. Il dénonce le fait que l’entreprise de Jeff Bezos rejette systématiquement tous les votes de protestation sur le lieu de travail. Sa démission a par ailleurs touché les principaux médias internationaux. Il n’a donc pas beaucoup à se soucier de son avenir professionnel. Il affirme avoir déjà reçu des offres d’emploi de Google, Comcast et Huawei.
En France
Même en France, la paix et la tranquillité autour d’Amazon n’est pas encore revenue. Un juge a estimé mi-avril, suite à une plainte d’un syndicat, que le géant tech avait fait trop peu pour protéger ses employés de plusieurs centres de distribution contre l’épidémie. Il a donc fortement limité les activités possibles d’Amazon France (10.000 travailleurs sur 6 sites).
La société a alors décidé de cesser toute activité. Au grand dam des syndicats, Amazon France, qui a également perdu en appel, a entre-temps demandé le chômage économique pour ses employés, mais cette demande a été rejetée par le gouvernement. L’entreprise est toujours au point mort.
L’homme le plus riche
Et Jeff Bezos? En raison des fermetures mondiales, il a vu ses avoirs augmenter ces dernières semaines. Le cours de l’action Amazon a augmenté de plus de 25 % par rapport au 1er janvier. Les actifs de Bezos s’élèvent donc sur le papier à 140 milliards de dollars, ce qui, selon l’indice des milliardaires du service d’information Bloomberg, fait de lui l’homme le plus riche du monde. Et de loin.
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