3 millions d’Européens craignent pour leur emploi dans le secteur automobile. Que fait la politique ?

Les 3 millions d’employés du secteur automobile européen redoutent les pertes d’emplois massives liées à la transition vers les véhicules électriques. Jusqu’à présent, les politiciens sont demeurés assez attentistes face à ces problèmes. 

En effet, les véhicules électriques nécessitent moins de pièces et moins d’entretien que les voitures à moteur à combustion interne. En conséquence, le secteur automobile nécessitera moins de main d’oeuvre lorsque cette transition sera effective.

Et bien entendu, l’automatisation, le Brexit et les guerres commerciales américaines n’arrangent rien. Certains constructeurs ont déjà lancé d’importants plans de restructuration, comme Ford, qui a annoncé la suppression de 12 000 postes. Au global, près de 38 000 emplois ont disparu du secteur automobile au cours des 6 mois qui ont précédé le mois de mai.

De fait, c’est toute l’industrie dans son ensemble qui souffre. Entre 1991 et 2018, son poids dans le produit national de l’Union européenne est passé de 19 % à 14 %

Populisme

Cette situation n’est bien sûr pas idéale pour les dirigeants politiques des partis traditionnels qui tentent de protéger l’emploi. Ils peinent de plus à plus à contrer l’attrait exercé par leurs opposants populistes.

Mais pour le moment, bien souvent, ils adoptent une attitude passive, quand elle n’est pas contre-productive, comme l’intervention malheureuse du gouvernement français dans les projets de fusion des constructeurs automobiles Fiat-Chrysler et Renault. Cette opération aurait dû aboutir à la création d’un mastodonte capable d’effectuer cette transition, ainsi que celle des véhicules automoteurs.

Les employés, de même que les politiciens, sont souvent pris de court par la rapidité avec laquelle une nouvelle technologie peut s’imposer dans un secteur. Pendant que les gouvernements débattent des cibles d’émission carbone pour les décennies à venir, les constructeurs automobiles investissent dès à présent massivement sur des véhicules moins polluants, pour répondre à la demande des clients. Au sein de l’UE, certains grands modèles de voitures électriques pourraient être moins chers que leurs équivalents à moteur à combustion d’ici seulement 3 ans, au lieu des 6 ans qui avaient été prévus initialement. Le marché s’adapte donc bien plus rapidement que l’on ne pense.

Pas de panacée

La baisse rapide du coût des batteries aurait aussi dû alerter sur de nombreuses suppressions d’emplois à venir.  Mais là encore, les politiciens ont fait preuve d’une certaine inertie.

Pour le syndicat allemand IG Metall, il est crucial d’organiser la reconversion des 75 000 ouvriers allemands du secteur automobile dont les emplois sont menacés, avec des formations. Mais cela fonctionne de manière inégale. Le think tank Brurgel a calculé qu’en République tchèque, les bénéficiaires de ces mesures retrouvaient un emploi dans 92 % des cas. Mais dans notre pays, ce taux s’effondrait à… 26 %.

En outre, on peut se demander si de telles mesures pourraient porter leurs fruits si la croissance économique et la productivité de l’Europe ne s’améliorent pas rapidement.

« Il n’y a pas de solution magique à tous ces problèmes. Mais les dirigeants européens devraient commencer à se bouger beaucoup plus rapidement pour s’y attaquer », conclut Bloomberg.

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