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Sabotage de Nord Stream : à l’ONU, des experts américains soutiennent la Russie dans ses accusations contre les États-Unis

Sabotage de Nord Stream : à l’ONU, des experts américains soutiennent la Russie dans ses accusations contre les États-Unis
Le représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU Vassili Nebenzia, l’économiste américain Jeffrey Sachs et une image de l’explosion de Nord Stream 2. (Atlgan Ozdil/Anadolu Agency/Getty Images, Victor J. Blue/Bloomberg via Getty Images, Danish Defence/Anadolu Agency via Getty Images)

Fin septembre, plusieurs fuites étaient repérées sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui relient la Russie à l’Europe. Cinq mois plus tard, les pays européens qui mènent l’enquête restent silencieux. Moscou, elle, est toujours aussi offensive.

Pourquoi est-ce important ?

Si Nord Stream 2 n'était jamais entré en service, Nord Stream 1 livrait encore du gaz au Vieux Continent un mois avant le sabotage. La Russie n'envoyant plus rien par ce gazoduc à la suite de l'incident, les prix du gaz avaient augmenté. Moscou en est convaincue : la manœuvre est à imputer aux Américains.

Dans l’actu : la Russie monte au créneau.

  • Ce mardi, la Russie a réitéré sa demande d’ouverture d’une enquête indépendante sur les explosions survenues sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 le 26 septembre dernier.
  • Pour que cela aboutisse, il faudra s’assurer que les États-Unis, accusés par Moscou, ne mettent pas leur veto.

Le détail : un vote très bientôt ?

  • A l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies convoquée par elle-même, la Russie a demandé la mise sur pied d’une enquête indépendante autour du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2.
  • Une résolution pourrait être soumise à un vote du Conseil de sécurité d’ici la fin de la semaine. Pour qu’il aboutisse, il faudra qu’aucun des cinq membres permanents (États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie) n’oppose son veto et que la résolution recueille au moins neuf votes favorables (parmi les 5 membres permanents + les 10 non permanents).
    • La Chine a déjà dit être favorable à l’ouverture d’une telle enquête.

La thèse russe renforcée par des invités américains

Les explications : la Russie remet une pièce dans la machine.

  • La Russie a à nouveau accusé les États-Unis d’être à l’origine du sabotage des gazoducs.
  • Bien que le Kremlin ne dispose pas de preuve tangible, il base ses accusations sur la question « à qui profite le crime ? ».
  • Pour soutenir son argumentaire lors de la réunion de mardi, la Russie a pu compter sur les explications de deux experts américains :
    • L’économiste Jeffrey Sachs, directeur du Centre pour le Développement Durable de l’Université Columbia.
    • Ray McGovern, ancien agent de la CIA devenu activiste politique. Il est notamment convaincu de l’implication de l’administration Bush dans les attentats du 11 septembre 2001.
  • Les deux hommes ont confirmé ce que Moscou clame depuis le début : la Russie n’avait aucun intérêt à endommager ses propres gazoducs, tandis que les USA avaient montré beaucoup d’hostilité à leur égard par le passé.
    • Rappelons que les États-Unis font partie des pays vers lesquels l’Europe s’est massivement tournée depuis l’an dernier pour remplacer le gaz russe.

Un allié de plus : un journaliste d’investigation.

  • Plus tôt ce mois-ci, Moscou avait pu compter sur un nouvel allié américain en la personne du journaliste d’investigation Seymour Hersch, lauréat du prix Pulitzer en 1970 pour son enquête sur le massacre de Mỹ Lai (Viêt Nam).
    • Dans une enquête publiée sur son blog, il a avancé que les Etats-Unis étaient impliqués dans des actes de sabotage sur les deux gazoducs.
    • Des accusations aussitôt réfutées par la Maison Blanche, qui a qualifié l’enquête de « pure fiction ».
    • Cela n’a pas empêché les deux experts nommés ci-dessus de citer son travail et de rappeler que Washington n’avait, en réalité, pas fourni d’information permettant de contredire l’enquête.

« Il n’y a aucun doute sur le mobile du crime, ni sur son auteur, ni sur la manière dont le crime a été commis. C’est encore plus [évident] que la preuve irréfutable que tous les détectives américains rêvent de trouver dans les superproductions hollywoodiennes. »

Le représentant permanent de la Russie à l’ONU, Vassili Nebenzia, ce mardi.

Qui dit vrai ?

La réaction américaine : outrée.

  • Le représentant américain à l’ONU, John Kelley, a qualifié ces nouvelles accusations russes de « complétement fausses » et a utilisé le terme « théorie du complot ».
  • Selon lui, la réunion était « une tentative flagrante de détourner l’attention du débat à venir à l’Assemblée générale sur l’impact de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ».

La réaction européenne : discrète.

  • Actuellement, plusieurs pays mènent toujours officiellement des enquêtes distinctes : l’Allemagne, la Suède et le Danemark.
  • « Près de cinq mois se sont écoulés depuis le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2. Mais pendant tout ce temps, les autorités suédoises, étrangement, restent silencieuses », a déclaré lundi l’ambassade de Russie en Suède sur Telegram. « De quoi les dirigeants suédois ont-ils si peur ? »
  • Dans une réponse commune, les trois pays européens se sont contentés d’indiquer que les enquêtes n’étaient pas terminées.
    • « À ce stade, il n’est pas possible de dire quand ils seront conclus. Les autorités du Danemark, de l’Allemagne et de la Suède ont entamé un dialogue concernant l’enquête sur les fuites de gaz, et le dialogue se poursuivra dans la mesure appropriée », ont-ils fait savoir.
  • A l’heure actuelle, il semble donc très peu probable que la proposition d’enquête indépendante émise par la Russie reçoive le feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU.
    • Ce jeudi, l’Assemblée générale devrait à nouveau demander à Moscou de retirer ses troupes d’Ukraine, un an après le début de la guerre.
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