Ce jeudi, le président américain Joe Biden a prononcé son premier discours sur la politique étrangère. Une rupture claire et nette avec les positions de son prédécesseur, Donald Trump. Parmi ses annonces, on retrouve la volonté de se montrer beaucoup plus ferme envers la Russie.
Joe Biden s’est rendu ce jeudi au Départment d’État – chargé des relations internationales – pour la première fois en tant que président. L’occasion d’afficher ses objectifs sur la scène mondiale et de rappeler qu’il voulait rendre aux États-Unis sa place de leader du monde, là où Trump militait pour le America First.
Le nouveau président américain a tenu à se distancer de son prédécesseur sur plusieurs points clés. Et notamment sur les relations des Américains avec les Russes.
‘Les USA ne s’écraseront plus face à la Russie’
Joe Biden a tenu un discours fort à l’encontre de la Russie et de Vladimir Poutine. Le président américain a soutenu le principal opposant de celui-ci, Alexeï Navalny. L’adversaire politique de Poutine, qui l’accusait de l’avoir fait empoisonner, a été condamné cette semaine à trois ans et demi de prison pour détournement de fonds.
‘M. Navalny, comme tous les citoyens russes, bénéficie de ses droits en vertu de la constitution russe. Il a été ciblé, ciblé pour avoir dénoncé la corruption. Il doit être libéré immédiatement et sans condition’, a sommé Biden.
Dans un contexte plus large, Biden a fait savoir que l’attitude des États-Unis envers la Russie allait être bien moins laxiste.
‘J’ai clairement fait comprendre au président Poutine, d’une manière très différente de mon prédécesseur, que l’époque où les États-Unis s’écrasaient face aux actions agressives de la Russie – interférant avec notre élection, lançant des cyber-attaques, empoisonnant ses citoyens – est révolue. Nous n’hésiterons pas à augmenter le coût pour la Russie et à défendre nos intérêts vitaux et notre peuple’, a prévenu le président américain.
Cette déclaration survient néanmoins deux jours après que les États-Unis et la Russie se soient mis d’accord pour prolonger le pacte limitant leur stock d’armes nucléaires.
‘La guerre au Yémen doit cesser’
Parmi les autres sujet brûlants abordés par Biden, on retrouve la guerre au Yémen. Comme son administration l’avait déjà annoncé auparavant, le président américain a annoncé que les États-Unis allaient cesser de soutenir l’Arabie saoudite.
‘Nous renforçons nos efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre au Yémen, qui a créé une catastrophe humanitaire et stratégique. Cette guerre doit cesser’, a martelé Biden. ‘Et pour souligner notre détermination, nous mettons fin à tout soutien américain aux opérations offensives dans la guerre au Yémen, y compris aux ventes d’armes’.
Concrètement, cela signifie que les États-Unis vont arrêter de vendre aux Saoudiens leurs ‘munitions de précision’, mais pas toutes les ventes. Par ailleurs, Biden a nommé le diplomate d’expérience Tim Lenderkin comme émissaire au Yémen.
Malgré les controverses, Donald Trump avait toujours soutenu l’Arabie saoudite, un des principaux alliés américains au Moyen-Orient face à l’Iran. La fin de l’aide des États-Unis à Ryad dans la guerre au Yémen implique un changement de la stratégie américaine dans la région.
Ce conflit voit l’Arabie saoudite soutenir le gouvernement yéménite accusé d’être illégitime face aux rebelles chiites Houthis, soutenus par l’Iran. Ces derniers ont salué la décision de Biden. ‘Nous espérons que ce sera le début d’une décision visant à mettre fin à la guerre au Yémen’, a déclaré Hamid Assem, responsable politique des insurgés à Sanaa.
Pour les analystes, ce geste pourrait constituer une première étape menant au retour du dialogue entre les États-Unis et l’Iran. Biden envisage le retour de son pays dans l’accord sur le nucléaire iranien, duquel les USA avaient claqué la porte sous Trump. Toutefois, le nouveau président américain n’a pas abordé le sujet lors de son discours de ce jeudi.
Allemagne et communauté LGBTQ
Biden a également annoncé qu’il annulait l’ordre – donné par Trump – de retirer une partie des militaires américains postés en Allemagne. Le pays abrite des installations militaires américaines clés, comme la base aérienne de Ramstein et les quartiers généraux du Commandement américain en Europe et du Commandement américain en Afrique.
Qualifiant l’Allemagne de ‘délinquante’ car elle n’avait dépensé ‘que’ 2% de son PIB pour la défense, Trump avait demandé le retrait de 9.500 des quelque 34.500 soldats américains qui y sont en place. Il n’en sera rien. Du moins, le temps d’un ‘réexamen global de la posture’ des forces déployées à l’étranger. Une mission confiée au ministre de la Défense Lloyd Austin.
En outre, Biden a adressé une demande spécifique aux fonctionnaires du département d’État et aux autres responsables fédéraux travaillant à l’étranger. Ceux-ci devront veiller à ce que les efforts diplomatiques et d’assistance à l’étranger des États-Unis promeuvent et protègent les droits des LGBTQ.
‘La diplomatie est de retour’
Avec ce discours, Biden a tenu à rappeler au monde que les États-Unis restaient et resteraient la première puissance mondiale. Et qu’ils prendraient leurs responsabilités qui en découlent.
‘L’Amérique est de retour, la diplomatie est de retour’, a assuré Joe Biden. ‘Nous allons rebâtir nos alliances’. On sait le président Trump favorisait le bilatéralisme. L’arrivée de Biden pourrait être un retour au multilatéralisme, si cher aux Européens, dans les relations internationales.
Afin d’illustrer le retour du ‘leadership mondial’ des États-Unis, le président américain a annoncé que le plafond annuel d’accueil des réfugiés passerait à 125.000. C’est huit fois plus que le maximum des 15.000 refugiés, instauré par Trump juste avant qu’il ne quitte ses fonctions.