Dans combien de temps la Russie manquera-t-elle de missiles ?

Les sanctions occidentales pèsent sur l’industrie de l’armement de la Russie. C’est surtout le manque de puces qui pose problème aux usines de missiles.

Pourquoi est-ce important ?

La Russie lance occasionnellement un barrage de missiles sur l'Ukraine. Les cibles sont les grandes villes, comme la capitale Kiev, mais surtout les infrastructures énergétiques du pays. Mardi, plus de 10 millions de résidents étaient ainsi privés d'électricité. Toutefois, il semble que ces attaques de missiles deviendront de plus en plus rares.

L’essentiel : la Russie a de moins en moins de missiles.

  • Selon un représentant du HUR, l’agence de renseignement militaire ukrainienne, la Russie a déjà abattu plus de 80 % de ses missiles modernes. Au total, les forces russes ne disposeraient plus que de 120 missiles balistiques Iskander utilisables, écrit Euronews.
  • Dans une interview accordée à The Odessa Journal, Krylyo Budanov, le chef du HUR, a détaillé :  » Il reste à la Russie 13 % de ses Iskander, 43 % de ses missiles de croisière Kalibr et 45 % de ses missiles de croisière Kh-55. Descendre en dessous de 30 % est dangereux, et à ce moment-là, les stocks d’urgence seront déjà utilisés. »
  • La Russie essaie de compenser la pénurie de missiles par des drones. Selon Budanov, Moscou a ainsi déjà commandé 1.700 drones, principalement le drone suicide Shahed-136, à l’Iran. « Ils en ont commandé 1.700, mais ils n’ont pas encore été fabriqués. Mais la défense aérienne peut essentiellement s’en charger, 70 % des projectiles entrants ont été abattus dans le ciel. » Depuis le 22 octobre, la Russie a utilisé 330 drones Shahed, dont 222 ont été abattus, selon le chef du HUR.
  • L’analyste de la défense Michael Clarke a indiqué dès le début du mois d’octobre que la Russie déployait ses derniers missiles solides. « Nous avons vu des missiles anti-navires atterrir sur des plats et des missiles anti-aériens (utilisés contre des avions ou des hélicoptères) sur des cibles terrestres », se faisait-il l’écho à l’époque.
  • Un autre signe qui montre que la Russie commence à manquer de matériel est un missile de croisière russe X-55, qui a été abattu au-dessus de Kiev. Le missile portait une ogive vide, ce qui peut indiquer que sa réserve de charges explosives était épuisée.

La solution : comme l’industrie de la défense elle-même manque de fonds pour construire des missiles de haute technologie, elle se tourne vers l’étranger.

  • Début septembre déjà, on savait que le dictateur russe Poutine avait frappé à la porte de son homologue nord-coréen Kim Jong-un. La Russie recherchait des missiles Katioucha, un type un peu plus léger qui ne peut être utilisé que pour atteindre des cibles à une distance relativement proche (les missiles les plus éloignés volent à 11 kilomètres). Si peu de solutions pour les distances plus grandes.
  • Pour cela, la Russie se tourne vers l’Iran, qui dispose d’un missile longue portée décent avec le Fateh-110. Le Fateh est un perfectionnement du 9K52 Luna-M, un missile de l’arsenal soviétique. L’Iran affirme qu’il ne fournira pas ces missiles, mais on a dit la même chose des drones Shahed, que l’on trouve maintenant par centaines en Ukraine.
  • Si les Fatehs aident un peu plus la Russie, ils n’offrent aucune réponse à la diminution des stocks de véritables missiles de haute précision.

(JM)

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