Avant la guerre en Ukraine, la structure militaire russe semblait claire : une armée commandée par un commandant en chef, qui dépendait d’un ministre de la Défense et d’un président. Mais depuis le début du conflit, de nouvelles milices ont été créées en permanence, parfois même à partir du personnel d’entreprises ou, dans le cas présent, d’une agence gouvernementale.
Dans l’actualité : L’agence spatiale russe Roscosmos a lancé une campagne de recrutement, et pas pour devenir cosmonaute.
- « La société d’État Roscosmos vous invite à rejoindre le bataillon de volontaires d’Uran, où vous serez formés à la victoire dans cette grande guerre », explique la voix off dans la dernière vidéo de recrutement de l’agence spatiale. Dans cette vidéo, pas d’images de fusées ou d’astres lointains, mais des soldats russes qui partent en guerre sur des airs de film de science-fiction, équipés de kalachnikovs et de lance-roquettes.
- Le bataillon Uran est une unité nouvellement créée qui n’a pas encore été repérée sur le champ de bataille. Ruslan Leviev, analyste militaire et directeur de Conflict Intelligence Team, un organisme de recherche indépendant, explique que son équipe recherche encore des preuves de son déploiement sur le terrain. « Uran » est le nom russe de la planète Uranus, souligne le Financial Times.
- Le bataillon ne fait pas partie de l’armée russe elle-même, mais lui prête allégeance. Il affirme recruter des soldats qui signent des contrats avec l’armée elle-même, mais qui sont « placés » auprès d’Uran. La semaine dernière, le ministère de la Défense a indiqué qu’il souhaitait qu’il en soit ainsi à l’avenir, avec des unités indépendantes faisant preuve d’une certaine loyauté envers l’armée, sans doute en comparaison avec les mercenaires.
- D’après une annonce publiée sur le site web de l’une des filiales de Roscosmos, il est également intéressant de noter que les recrues ne proviennent pas uniquement du personnel de l’agence : ce sont les « employés du secteur de l’aviation » en général qui sont appelés à postuler.
- Le recours aux milices de volontaires issues de corps de métier ou d’institutions doit permettre à la Russie d’alimenter son effort de guerre en nouveaux combattants sans passer par une nouvelle vague de mobilisation, la dernière ayant été particulièrement impopulaire, voire traumatisante pour une partie de la population. L’état-major russe espère aussi sans doute renforcer l’esprit de corps au sein de ces unités.
Une milice levée par Roscosmos va mettre à rude épreuve les relations entre l’agence spatiale et ses partenaires occidentaux, avec lesquels elle mène toujours des missions conjointes.
- Actuellement, trois cosmonautes de Roscosmos se trouvent à bord de la Station spatiale internationale Un astronaute des Émirats arabes unis et trois Américains font aussi partie de l’expédition.
- La coopération spatiale est la principale raison pour laquelle Roscosmos n’a pas été touchée par les sanctions occidentales contre la Russie. Maintenant que l’on soupçonne l’agence de participer activement à l’effort de guerre en finançant sa propre milice privée, cette situation pourrait changer tôt ou tard.
- D’autres entreprises et organismes publics semblent également mettre en place leur propre milice. Gazprom, la plus grande entreprise gazière de Russie, a créé sa propre unité, nommée Potok.
MB