Retour à des taux d’intérêt « normaux »: qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs en obligations ?

La banque centrale américaine a augmenté son principal taux d’intérêt directeur 50 points de base. Cela accélère le retour à des taux d’intérêt « plus normaux » et la fin des taux d’intérêt négatifs. On pourrait penser que c’est une bonne nouvelle pour les investisseurs en obligations, mais un gros nuage plane au-dessus de leur tête.

  • La banque centrale américaine a relevé son taux des fonds directeurs pour les porter entre 0,75 et 1 %, ce qui correspond à une augmentation de 50 points de base.
  • La marche de la Fed est claire depuis un certain temps : des hausses de taux progressives et moins d’achats de soutien au marché. La Banque centrale européenne se montre plus hésitante, mais elle réduit également ses achats de titres et relèvera presque certainement ses taux d’intérêt dans le courant de l’année.
  • Les marchés financiers tiennent compte de tout cela et tablent sur des rendements des obligations d’État plus élevés que par le passé. Pour la première fois depuis des années, le rendement à dix ans des États-Unis a dépassé la barre des 3%. Des taux d’intérêt du marché plus élevés indiquent des prix plus bas pour les obligations actuelles.
  • Cette relation inversée a son explication. Plus les taux d’intérêt du marché sont élevés, plus la valeur des obligations existantes diminue, car les obligations nouvellement émises auront des coupons plus élevés et deviendront donc plus attrayantes. Dès lors, le prix d’achat d’une ancienne obligation à faible rendement chute. Les marchés obligataires ont été durement touchés ces dernières semaines.
  • Néanmoins, de plus en plus d’experts boursiers osent parler d’une nouvelle ère pour les obligations. Certains disent que le niveau de 3% aux États-Unis pourrait encourager les investisseurs prudents à échanger leurs actions « plus riquées » contre des obligations « plus sûres », ce que beaucoup n’ont pas fait depuis des années.

Taux d’intérêt réels négatifs

  • Volker Schmidt, gestionnaire de portefeuille chez Ethenea, tempère l’enthousiasme, notamment en ce qui concerne les obligations d’État. Les obligations d’entreprises, qui offrent un coupon plus élevé en raison du risque plus élevé, offrent davantage de possibilités de bons rendements, dit-il.
  • Son exemple : « Les intérêts des obligations d’État allemandes à 10 ans ont considérablement augmenté. Actuellement, elles ont un rendement d’environ 0,9%, soit un coupon de 0% et un prix d’achat d’environ 92%. Toutefois, ce chiffre est très bas par rapport aux normes historiques. Après avoir déduit le coût d’achat et les frais annuels du portefeuille, il reste très peu pour les investisseurs particuliers. »
  • En outre, un gros nuage sombre plane sur les marchés obligataires : l’inflation élevée. Les rendements obligataires se sont peut-être « normalisés », mais le taux d’inflation actuel reste anormal en termes historiques. Par conséquent, les taux d’intérêt réels (intérêts moins l’inflation) sont négatifs car les taux d’intérêt plus élevés ne suffisent pas à compenser l’inflation.
  • Investir dans des obligations ou dans des actions ? Cette décision dépendra en grande partie de la façon dont vous évaluez l’inflation future.
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