Pourquoi notre réseau internet mondial reste très vulnérable aux colères du Soleil

Et si internet disparaissait même temporairement, du jour au lendemain ? Ça serait une catastrophe pour une très grande partie de l’humanité, des influenceurs aux gouvernements, sans commune mesure avec ce qu’on a connu par le passé. Et ça n’est absolument pas irréaliste.

Retour au courrier et au téléphone ?

L’apocalypse ressemblera-t-elle à des montagnes de smartphones devenus presque inutiles, réduits à leur simple fonction de téléphones ? C’est sans doute exagéré, mais l’internet mondial est plus vulnérable qu’on l’imagine généralement. Et si des armes d’origine humaines existent pour couper un pays de ses accès au Web, la menace globale viendrait, elle, de notre Soleil.

Celui-ci libère en permanence des particules chargées, les fameux vents solaires, dont notre planète est raisonnablement bien protégée par son champ magnétique qui les dévie. Elles peuvent arriver jusqu’aux pôles magnétiques de la planète où elles génèrent de splendides phénomènes tels que les aurores, australes ou boréales, comme celles que l’on a pu admirer cette semaine – jusque sous nos latitudes, ce qui est exceptionnel.

Mais notre étoile est aussi capable de générer de puissantes tempêtes solaires, assez intenses pour passer outre nos défenses, et atteindre notre atmosphère en passant par les pôles. Or nos systèmes électroniques et nos réseaux de communication sont très sensibles aux phénomènes magnétiques.

Des aurores boréales au Panama et des câbles qui brûlent

Selon une étude écrite par des chercheurs de l’Université de Californie, il est parfaitement possible qu’une « super-tempête » solaire puisse mettre hors d’usage internet, et ce pendant des semaines, voire des mois. Or, de tels phénomènes existent : les scientifiques citent en exemple l’Événement de Carrington, en 1859. Un astronome britannique du même nom avait observé une phénoménale augmentation de l’activité solaire, avec une éruption massive d’un plasma de particules qui a atteint la Terre 17h plus tard – au lieu des 60h nécessaires en général aux vents solaires, précise Futura.

Ce fut la plus grande tempête solaire observée par l’humanité dont on a gardé la trace : des aurores boréales phénoménales étaient visibles, selon la presse de l’époque, jusqu’au Panama. Et de nombreux câbles télégraphiques ont pris feu. Maintenant, imaginez une seconde le même événement solaire à notre époque infiniment plus dépendante de l’électricité et de l’électronique. Selon l’étude, qui n’a pas fait l’objet d’une revue par des pairs des chercheurs – la probabilité d’une telle tempête de particules chargées est située entre 1,6 et 12 % de chance par décennie.

Un système résilient, mais pas assez

Or nous ne sommes pas préparés. Notre réseau est assez redondant pour supporter la mise hors service d’un câble sous-marin par exemple – ceux-ci sont équipés de répéteurs, pour amplifier les signaux, rappelle Futura. Mais si la panne est plus large, on peut avoir des problèmes, et les travaux sur des câbles sous-marins sont forcément assez compliqués.

L’étude estime qu’une coupure pendant une journée, rien qu’aux États-Unis, coûterait plus de 7 milliards de dollars à l’économie du pays. Il serait donc peut-être temps de parer à cette éventualité en renforçant la résilience du système, et en évitant de lancer des câbles trop au nord ou au sud – là où la tempête ferait particulièrement rage.

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