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Les relations USA – Europe « sous assistance respiratoire » : l’UE se réveille enfin face au protectionnisme américain

Les relations USA – Europe « sous assistance respiratoire » : l’UE se réveille enfin face au protectionnisme américain
Joe Biden – Emmanuel Macron – Ursula von der Leyen (Getty Images)

Le plan de Joe Biden pour réduire l’inflation et accompagner l’industrie « verte » américaine crée bien des remous dans l’Union européenne. Ce plan à 369 milliards est jugé comme anticoncurrentiel pour l’industrie européenne et en particulier le secteur des voitures électriques.

Pourquoi est-ce important ?

Le mal nommé Inflation Reduction Act vise à aider l'industrie américaine à assurer sa transition énergétique, à coups de centaines de milliards de dollars. S'il n'a pas vraiment vocation à réduire l'inflation (au contraire), il apporte des subventions importantes au secteur des voitures électriques. Pour la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, l'Europe doit apporter une réponse appropriée. L'UE semble enfin se rendre compte que le protectionnisme n'est pas propre à la Chine, mais aussi à la première puissance économique du monde.

Dans l’actu : Ursula von der Leyen appelle à « adapter » les règles relatives aux aides d’État en réponse aux subventions « vertes » des États-Unis.

  • « L’Inflation Reduction Act doit nous faire réfléchir à la manière dont nous pouvons améliorer nos cadres d’aides publiques, et les adapter à un nouvel environnement mondial », a déclaré Mme von der Leyen dans un discours prononcé à Bruges, en Belgique, rapporte Politico. « La nouvelle politique industrielle affirmée de nos concurrents exige une réponse structurelle », affirme-t-elle.
  • En ce sens, elle ouvre la voie à un élargissement des critères de suspensions des règles sur les aides d’État aux entreprises. L’Union possède en effet des règles très strictes quant aux subventions publiques pour éviter que les États membres ne se fassent trop de concurrence. Mais si ces plans de relance peuvent être coordonnés, alors ils recevront le feu vert de l’Europe, voilà l’idée de base.
  • Ursula von der Leyen, par sa position, rejoint plusieurs membres de la Commission, à commencer par le Commissaire au Marché intérieur, le Français Thierry Breton, qui a appelé ce week-end dans le Journal Du Dimanche, à un nouveau fonds européen pour soutenir l’industrie européenne. « Face à une distorsion de concurrence, l’Europe doit réagir », plaidait-il.

L’essentiel : l’UE se dirige-t-elle vers un nouveau plan de relance ?

  • La perspective d’un nouveau fonds européen n’enchante pas tous les États membres. À commencer par l’Allemagne, qui pourtant est l’un des premiers concernés, de par son industrie automobile, mais qui a lancé son propre plan à 200 milliards d’euros.
  • Les Allemands rappellent qu’il existe déjà le fonds RePowerEU, qui vise à assurer la transition énergétique du continent. Une nouvelle discussion houleuse s’annonce entre les États membres.
  • Sous couvert d’anonymat, un diplomate d’un pays récalcitrant explique son opposition : « Il y a encore de l’argent inutilisé dans le pot, sans parler des prêts qui n’ont pas été utilisés. » Et d’ajouter : « La dernière chose que l’UE souhaite est d’ouvrir un débat sur l’augmentation des fonds européens. »
  • Un autre fonctionnaire européen va dans le même sens : « Nous devons savoir clairement quels secteurs seront réellement touchés par l’IRA et dans quelle mesure. Sur cette base, nous pourrons évaluer où un soutien est nécessaire. »
  • « Pourquoi entamer maintenant une discussion très difficile sur de nouveaux fonds si nous pouvons chercher à mieux exploiter ce qui est déjà disponible ? », se demande-t-il.

Le contexte : la relation commerciale entre l’UE et les USA n’a plus été si tendue depuis l’ère Donald Trump.

  • La semaine dernière, le président français a reçu les honneurs d’une visite d’État aux États-Unis. Résultat : beaucoup de beaux discours et de belles photos. En public, Joe Biden a assuré à Emmanuel Macron que l’IRA pourrait être corrigé. Il existe en effet des exemptions pour les pays ayant une relation de libre-échange avec les USA. L’Europe n’en a pas, mais Biden réfléchit à étendre son plan aux pays « alliés », pour que l’Europe puisse en partie bénéficier de cette manne d’argent.
  • Dans les faits, des discussions ont lieu en ce moment à Washington entre les fonctionnaires européens et américains. « La réinitialisation transatlantique entre Bruxelles et Washington est sous assistance respiratoire », écrit Politico, qui a parlé à plus de 20 fonctionnaires et décideurs politiques des deux côtés de l’Atlantique.
  • En fait, Joe Biden a très peu de marge de manœuvre, car modifier l’IRA devrait se faire avec l’accord du Congrès. Or, on connait toutes les difficultés du Parti démocrate dans les deux chambres.
  • En outre, le protectionnisme américain et sa volonté de combattre commercialement la 2e puissance économique mondiale – la Chine – placent l’Europe entre deux chaises. Au sein de l’UE, de nombreuses voix appellent à ne pas se montrer naïfs, aussi bien envers la Chine qu’envers les États-Unis.
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