Est-ce le calme avant la tempête en Chine ?

Le flux d’informations en provenance de Chine s’est considérablement tari ces derniers jours. La période qui suit le Nouvel An chinois verra bientôt l’économie s’accélérer, mais il sera toujours difficile d’atteindre les objectifs de croissance. Le renminbi est susceptible de faire un pas en arrière.

Avec le début de l’année du lapin d’eau, la Chine a fait un bref retour dans l’actualité cette semaine. Après une période au cours de laquelle le pays a attiré beaucoup d’attention avec tous les remaniements politiques autour du Congrès du Parti communiste et l’augmentation considérable des cas de coronavirus suite à l’assouplissement de la politique de tolérance zéro, le flux de nouvelles autour de la deuxième plus grande économie du monde s’est quelque peu arrêté. La guerre en Ukraine, les livraisons d’équipements occidentaux et les troubles en Iran, entre autres, ont attiré davantage l’attention géopolitique ces derniers temps. Toutefois, ce n’est qu’une question de temps avant que la Chine ne revienne sur le devant de la scène en 2023.

Retour au travail après la fête

Dans le passé, la Chine a surtout attiré l’attention par sa croissance économique très rapide. Jusqu’à il y a dix ans, le produit intérieur brut – une mesure largement utilisée pour évaluer la taille d’une économie – augmentait d’environ 10% par an. Entre-temps, ce taux de croissance s’est considérablement ralenti. Jusqu’à présent, tous les objectifs annoncés par les différentes provinces chinoises prévoient une croissance de 5% ou plus. En soi, l’activité économique pourrait être fortement stimulée si tout le monde retourne au travail après avoir célébré le Nouvel An chinois. De plus, la poussée des cas Covid de la fin de l’année dernière a été en grande partie effacée. Le nombre de patients gravement malades est inférieur de 72% à celui d’il y a quelques semaines, selon les autorités.

Un défi de taille

Il n’en reste pas moins que le relèvement du taux de croissance économique vers le niveau cible sera un véritable défi. Cela s’explique par le fait que les consommateurs chinois consomment moins. En décembre, les ventes au détail étaient inférieures de 1,8% à celles de l’année précédente. Les médicaments, les aliments et les boissons sont parmi les rares groupes de produits dans lesquels leurs dépenses ont augmenté. Il est compréhensible que les gens aient été peu dépensiers en décembre, en raison de l’augmentation rapide du nombre d’infections et de l’incertitude causée par les gros problèmes du secteur immobilier. Il faudra toutefois davantage que l’affaiblissement de la pandémie pour atteindre les objectifs de croissance économique. À cet égard, la Chine a un grand avantage sur le monde occidental.

Le yen en recul ?

La Chine est une économie planifiée, le gouvernement s’occupant d’une part importante de l’économie à bien des égards. Il est évident que la banque centrale va relancer la machine en élargissant l’espace de crédit des banques. Ces mesures sont beaucoup plus faciles à mettre en œuvre car l’inflation est remarquablement faible en Chine. Le niveau actuel (1,8%) est même inférieur à l’objectif officiel (3%). En outre, stimuler l’industrie des exportations est une méthode éprouvée pour relancer l’économie. Cela se fait souvent en faisant baisser sa propre monnaie, ce qui améliore la compétitivité internationale de l’industrie manufacturière chinoise. Il est donc probable que le renminbi fasse un pas en arrière pendant l’année du lapin d’eau.


Joost Derks est spécialiste des devises chez iBanFirst. Il a plus de 20 années d’expérience dans le secteur. Cet article reflète son opinion personnelle et n’est pas un conseil professionnel (en matière d’investissement).

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