Cette histoire ne finira-t-elle donc jamais ? Elle tire en tout cas en longueur. Stratégie bien calculée de la part d’Elon Musk pour en tirer un meilleur prix ou simple nouvelle excentricité du PDG de Tesla ? Difficile à dire. Dans tous les cas, le rachat effectif de Twitter n’est pas encore pour demain.
Elon Musk avait déjà créé la surprise en avril dernier en annonçant le rachat de Twitter pour 44 milliards de dollars, avant de mettre l’acquisition en pause, sous prétexte qu’il ne disposait pas des informations suffisantes pour concrétiser le rachat. Une décision de la part du PDG de Tesla qui lui avait valu de nombreuses critiques, certains affirmaient en effet qu’il s’agissait d’une simple tentative pour faire baisser la valeur des actions de Twitter et donc, l’acquérir à meilleur prix.
Près de deux mois après l’annonce du rachat du réseau social, l’accord est toujours dans l’impasse. Elon Musk évoque maintenant trois points qui empêchent que l’acquisition soit finalisée. Rappelons tout de même que s’il se retire de l’accord, le milliardaire s’expose à des frais de rupture d’un milliard de dollars. Rien d’insurmontable pour l’homme le plus riche du monde, mais il pourrait cependant faire l’objet de poursuites judiciaires qui pourraient lui coûter plus cher.
1. Les faux comptes
La présence de faux comptes et de robots sur la plateforme sociale est un problème pour Elon Musk. C’est d’ailleurs l’argument principal qu’il a utilisé pour mettre le rachat de Twitter en pause. Selon lui, les dirigeants du réseau social n’auraient pas donné les bons chiffres concernant la proportion de faux comptes et spams – moins de 5% – parmi ses utilisateurs actifs quotidiens « monétisables ».
« Nous attendons toujours une résolution sur cette question, et c’est une question très importante », a déclaré le PDG de SpaceX lors d’un événement organisé par Bloomberg, rapporte CNBC. Il est vrai que c’est un point essentiel puisque pour attirer les annonceurs, la plateforme doit pouvoir mettre en avant un certain nombre d’utilisateurs actifs quotidiens. Or, si une trop grande part est constituée de bots et de faux comptes, les annonceurs ne seront pas très contents.
2. Financement par emprunt
Le deuxième obstacle majeur repose sur le financement du rachat de Twitter par Elon Musk. L’homme s’était engagé à payer 33,5 milliards de dollars en espèce. À cette somme s’ajoutaient 7,1 milliards de dollars d’engagements de financements par actions de la part d’investisseurs, dont le co-fondateur d’Oracle Larry Ellison et la plateforme de crypto-monnaies Binance.
Pour le reste, Musk avait indiqué que le financement viendrait sous la forme de prêts bancaires, sans en préciser les détails. Une affirmation qui peut paraitre étrange de la part de l’homme le plus riche du monde. Ne dispose-t-il pas des fonds nécessaires pour compléter le rachat ? En réalité, non. La majeure partie de la richesse d’Elon Musk se résume en actions de Tesla. Il en a d’ailleurs vendu et mis en gages à plusieurs reprises pour garantir des prêts.
3. Approbation des actionnaires
Dernier point qui freine la transaction : Musk doit obtenir l’approbation des actionnaires de Twitter. Ces derniers devraient voter pour ou contre le rachat de la plateforme fin juillet ou début août. Et c’est très certainement le point le plus sensible puisqu’il n’est pas certain qu’Elon Musk obtienne un soutien suffisant.
Le mois dernier, certains actionnaires de l’entreprise américaine ont tout simplement poursuivi Elon Musk et Twitter lui-même pour la gestion chaotique du processus. La valeur des actions du réseau social a en effet chuté à plusieurs reprises, notamment suite à l’annonce de la suspension du rachat.
Le principal intéressé en doute lui-même. Mais la récente prise de position du conseil d’administration, en faveur du deal, pourrait faire pencher la balance.
« Le conseil d’administration de Twitter, après avoir examiné les facteurs décrits plus en détail dans la circulaire de sollicitation de procurations ci-jointe, a déterminé à l’unanimité que l’accord de fusion est souhaitable et que la fusion et les autres transactions envisagées par l’accord de fusion sont équitables, souhaitables et dans le meilleur intérêt de Twitter et ses actionnaires », a en effet déclaré le réseau social dans un dossier de la Securities and Exchange Commission. Une déclaration qui a fait grimper la valeur de Twitter de 3,8%.