Suite à la crise du coronavirus, le nombre de chômeurs temporaires a explosé partout dans le monde, y compris chez nous. Mais l’arsenal de mesures de soutien déployé par les gouvernements est particulièrement impressionnant, en zone euro comme aux États-Unis. Ils agissent bien plus rapidement et avec beaucoup plus de détermination que lors de la crise financière de 2008.
Il y a 12 ans, la zone euro n’avait fait qu’aggraver la récession qui avait suivi la crise financière. Elle avait en effet maintenu des objectifs d’austérité budgétaire insensés. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas.
L’arsenal des principales économies européennes
Le journal économique français Les Echos a publié un aperçu des mesures d’urgence européennes.
- Allemagne: 123 milliards d’euros + 822 milliards d’euros de garanties pour les prêts aux entreprises
- France: 45 milliards d’euros + jusqu’à 300 milliards d’euros de garanties pour les prêts aux entreprises
- Italie: 25 à 50 milliards d’euros
- Espagne: 17 milliards d’euros
Selon l’Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances des États membres, l’effort total des 19 pays de la zone euro s’élève pour l’instant à 2% du PIB.
Et cela engendrera inévitablement un trou dans les budgets. La banque d’affaires suisse UBS l’estime à 6,1% pour l’ensemble de l’eurozone, ce qui correspond à deux fois le maximum autorisé par le pacte de stabilité.
Des conséquences fatales pour l’Union?
Au sein de la zone euro, il existe toujours un désaccord autour de l’émission d’obligations communes, les fameux ‘eurobonds’. Ceux-ci ont désormais reçu le nom de ‘corona bonds’. 14 des 19 pays de l’eurozone semblent favorables à un tel mécanisme. Mais l’opposition de Berlin et d’Amsterdam, en particulier, reste forte. À tel point que l’ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, redoute ‘un manque de solidarité qui risque d’avoir des conséquences fatales pour l’Union’.
Les États-Unis, où une aide d’urgence de 2.000 milliards d’euros a été promise, sont eux en passe d’atteindre un déficit budgétaire de 9,5%. Cela peut sembler beaucoup, mais comparer les deux continents n’a guère de sens, notamment parce que l’Europe dispose d’un filet de sécurité sociale plutôt solide, alors que les États-Unis n’en ont pratiquement aucun.
11 semaines au lieu de 80
Plus remarquable est la rapidité avec laquelle les mesures ont été annoncées en Europe comme aux États-Unis. Dans la zone euro, cela a pris moins de trois semaines à partir du moment où l’Italie a été mise en lockdown. Aux États-Unis, exactement 11 semaines se sont écoulées entre le début de l’épidémie en Chine et l’annonce du programme d’urgence de 2.000 milliards de dollars.
En 2008, 80 semaines s’étaient écoulées entre le début de la crise des subprimes et un accord sur un plan de relance, pourtant beaucoup plus modeste, comme le montre le graphique du Wall Street Journal ci-dessous.
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