Qui est Ngozi Okonjo-Iweala, la première femme africaine à présider l’OMC?

L’Organisation mondiale du commerce tient sa nouvelle directrice générale. Près de 6 mois après la démission du Brésilien Roberto Azevêdo, c’est la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala qui prendra la tête de l’OMC.

En août dernier, Roberto Azevêdo a rendu sa démission comme directeur général de l’OMC. Son mandat devait encore durer un an, mais pour des ‘raisons familiales’, il a décidé de partir plus tôt. Il laissait cependant une organisation sans chef, en plein milieu d’une crise économique sans précédent depuis la création de l’ONU.

Il a donc fallu trouver un nouveau directeur général. Deux noms sont ressortis: la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala et la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee. La première était soutenue par la plupart des grands pays, dont la Chine, le Japon, l’Australie ou encore l’Union européenne. La seconde était principalement défendue par les États-Unis.

Les deux candidates à la présidence de l’OMC: Yoo Myung-hee et Ngozi Okonjo-Iweala (Isopix)

Mais pour qu’un DG soit élu, il faut l’accord de tous. Les négociations patinaient donc. Mais samedi, Yoo Myung-hee a annoncé qu’elle se retirait de la course. Okonjo-Iweala devient de facto la nouvelle directrice de l’OMC. L’Organisation onusienne se réunira virtuellement dans les prochains jours pour son élection. Et si aucun des 164 pays membres ne s’y oppose, elle en deviendra le 7e directeur général.

Qui est Ngozi Okonjo-Iweala?

Ngozi Okonjo-Iweala, 66 ans, est la première femme africaine à diriger l’OMC. Aucune femme ni aucun Africain, depuis sa création en 1995, n’avait atteint le sommet de cette organisation. Mais avant d’en arriver là, elle a eu une belle et longue carrière.

Diplômée du MIT et de Harvard, elle entre à la Banque mondiale à l’âge de 28 ans. Elle devient en quelques années secrétaire du conseil d’administration de l’institution.

En 2003, elle retourne au Nigéria pour y officier en tant que ministre des Finances. Aucune femme avant elle n’avait accédé ce poste. En 2006, elle devient également ministre des Affaires étrangères. Son combat contre la corruption lui a valu le surnom de ‘Okonjo Wahala’, qu’on peut traduire par ‘Okonjo, la fauteuse de troubles’.

Lorsque son mandat se termine, elle retourne à Washington et obtient la place de directrice générale.

Aujourd’hui, elle est à la tête de plusieurs organisations mondiales:

  • Gavi Alliance vise la vaccination globale en Afrique.
  • La Global Commission on the Economy and Climate travaille sur les risques économiques du changement climatique.
  • L’Institut Nelson Mandela réunit les Instituts africains des sciences.

Ngozi Okonjo-Iweala a été reconnue à plusieurs reprises comme l’une des femmes les plus influentes au monde.

Défis

Prendre la tête de l’OMC en cette période incertaine est un immense défi. En plus de la crise économique qui touche le monde entier, les deux plus grandes puissances économiques sont en proie à une guerre commerciale.

L’Organisation mondiale du commerce a en effet connu de nombreuses difficultés avec Donald Trump. L’ancien président des États-Unis, chantre de l’‘America First’, a augmenté les tarifs douaniers pour les importations venues de Chine, mais aussi d’Europe et différents autres pays du monde. L’OMC, pourtant garante de la bonne entente commerciale entre ses membres, n’a jamais su y faire obstacle.

En outre, l’organisation va devoir gérer la question de la taxe GAFA. L’Union européenne, la Russie, le Canada, le Chili ou encore le Brésil réfléchissent à une législation pour taxer les multinationales numériques comme Facebook, Google, Amazon ou Apple. La France, l’Inde, le Mexique, le Nigéria ou encore l’Indonésie ont déjà voté la loi. Mais l’OMC n’a toujours pas donné son avis. Cette taxe déplaisait fortement à Donald Trump qui menaçait d’imposer de nouveaux tarifs douaniers si elle était appliquée. L’administration de Joe Biden se montre plus favorable à une telle taxe. Ngozi Okonjo-Iweala devra réussir à trouver un terrain d’entente rapidement.

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