Quand les start-up se cachent par peur des cartels

Au Mexique, les entrepreneurs font profil bas pour ne pas attirer l’attention des cartels, ce qui pénalise fortement la croissance des start-up locales.

Dans la plupart des pays du monde, les entrepreneurs s’efforcent d’attirer l’attention sur leurs entreprises, en particulier les start-up. Interviews, réseaux sociaux, storytelling… Tous les moyens sont bons pour faire connaître ses produits et séduire les investisseurs. Mais pas au Mexique, où la peur de devenir une cible potentielle du business des cartels – la violence, le kidnapping, le meurtre… – semble omniprésente.

‘Il y a une taxe non officielle lorsque vous opérez et vivez à Mexico. Et cette taxe, c’est de vivre dans le risque’, explique le directeur d’une start-up locale à Reuters, et dont les propos sont relayés par Korii.

‘Vous vous mettez dans une position où vous pourriez être l’objet d’une rançon’, confirme le fondateur de l’agence de pub Ergos, Ulises Vazquez. ‘Vous voulez faire profil bas pour pouvoir continuer à être libre.’

Une discrétion qui fait mal

Mais une telle discrétion nuit énormément au développement des start-ups mexicaines. En 2018, le secteur de la tech n’a attiré que 175 millions de dollars d’investissements, souligne Reuters. À titre de comparaison, la Colombie, dont l’économie ne représente pourtant que le quart de celle du Mexique, a levé 334 millions.

Par ailleurs, sans visibilité, il est compliqué pour les entrepreneurs de recruter les meilleurs profils ou encore d’inspirer les nouvelles générations, pointe Daniel Green, partenaire du cabinet d’avocats Gunderson Dettmer, qui conseille les start-ups sud-américaines.

Climat de peur

Le Mexique n’est pas le seul pays d’Amérique latine à être sujet à la violence, mais la vague de kidnappings et de meurtres de personnalités qui a eu lieu dans le pays en 2017 semble avoir instauré un climat de peur persistant. Depuis lors, le business de la protection (voitures blindées, gardes du corps, etc.) est d’ailleurs en plein développement.

Pourtant, selon Reuters, il n’existe à l’heure actuelle aucune information sur un meurtre d’entrepreneur qui serait lié au succès de sa start-up. Et tous ne vivent pas dans une crainte permanente.

‘Communiquer davantage sur votre succès aide la communauté, l’entreprise et les investisseurs. Tant que vous n’êtes pas impliqué dans le trafic de drogue, il ne vous arrivera rien’, conclut Bismarck Lepe, CEO de la start-up Wizeline.

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