En marge de la guerre que mène Israël contre le Hamas, on évoque souvent, à juste titre, les liens entre l’Iran et l’organisation terroriste. Mais il y a aussi un pays qui reste continuellement dans l’ombre : le Qatar. Pourtant, depuis de nombreuses années, il soutient des groupes terroristes dans la région.
Dans l’actu : un pays arabe parvient jusqu’à présent à échapper à l’examen minutieux qu’il mériterait pour son soutien de longue date au Hamas : le Qatar.
- Le Qatar joue depuis longtemps un double jeu dans les conflits régionaux. Et, plus crucial encore, le petit État s’en sort sans trop de conséquences.
- Le Qatar est un allié étroit de Washington, qui y a son commandement militaire régional, le CentCom.
- C’est également là que se trouve le siège du bureau politique du Hamas, tandis que le pays entretient des liens étroits avec l’Iran.
- Cette nation riche en gaz est ainsi devenue un médiateur clé concernant le sort de plus de 220 otages détenus par le Hamas après leur attaque terroriste contre Israël.
- Cependant, le Qatar est de plus en plus critiqué, car il impute à Israël l’entière responsabilité de l’escalade, débutée le 7 octobre après l’attaque du Hamas.
Les détails : le minuscule mais extrêmement riche État gazier finance le régime du Hamas à Gaza par le biais de transactions financières mensuelles d’environ 30 millions de dollars. Ainsi que via des livraisons de carburant. Mais cela s’est toutefois fait en accord avec Israël, qui espérait ainsi garder sous contrôle les leaders du Hamas.
- Parallèlement, les dirigeants de l’organisation terroriste, dont son leader de facto Ismail Haniyeh, résident dans des gratte-ciel luxueux de la capitale, Doha.
La « soft power » qatari
Zoom avant : l’attribution de la Coupe du Monde de football 2022 au Qatar en dit long sur le soft power qui plane comme un écran de fumée au-dessus de l’émirat.
- Qatar Airways a été ou est le sponsor de plusieurs grands clubs de football européens : Paris Saint-Germain, FC Barcelone, AS Roma, Bayern Munich, etc.
- L’influence qatarie ne se limite pas uniquement au football. Sur les Champs-Élysées, les Qataris possèdent des milliers de mètres carrés de biens immobiliers. L’émirat détient également des participations minoritaires dans plusieurs entreprises françaises, notamment Total, Vinci, Veolia Environnement, LVMH, Vivendi, etc.
- Fraîchement dans les mémoires, il y a l’affaire « Qatargate« , un scandale où le Qatar aurait versé des sommes d’argent à des membres du Parlement européen. En échange, les politiciens devaient influencer positivement les intérêts qataris, que ce soit dans les résolutions, la législation, ou les interventions, notamment en ce qui concerne les droits de l’homme et des travailleurs en prévision de la Coupe du Monde.
Une division fondamentale au sein du monde arabe
Au Moyen-Orient, rien n’est logique. L’engagement du Qatar envers le Hamas révèle une division fondamentale au sein du monde arabe.
- L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU) et Bahreïn ont retiré leur soutien aux groupes religieux tels que les Frères musulmans pendant le Printemps arabe, en raison de leur caractère « déstabilisateur ».
- En revanche, le Qatar a décidé que les « islamistes étaient l’avenir » et les a soutenus partout, sauf au Qatar.
- L’Arabie saoudite et les EAU sont considérées comme des réussites parce qu’ils ont mis l’accent sur la prospérité et la modernisation.
- Les sondages au Moyen-Orient montrent que le soutien au Hamas diminue partout.
- La plupart des jeunes préfèrent « la sécurité, la croissance économique, les emplois, les services et certaines libertés sociales » aux « promesses millénaristes de l’islamisme ».
- Dans le Moyen-Orient moderne, il est inévitable de prendre position, et le Qatar a choisi la mauvaise voie.
Le Qatar souffle le chaud et du froid
Zoom arrière : le Qatar a aidé les États-Unis par le passé. Dans les années 1990, il a ouvert une base militaire pour les forces armées américaines.
- Il y a quelques années, il y avait encore 10.000 militaires américains stationnés là-bas. Un nombre élevé, mais considérablement moins qu’au plus fort de la décennie 2010.
- Lorsque l’ouragan Katrina a ravagé La Nouvelle-Orléans en 2005, les Qataris ont donné 100 millions de dollars pour aider les sinistrés.
- D’un autre côté, le Qatar a aussi été un partenaire problématique, notamment en lançant Al Jazeera, qui a critiqué les États-Unis et Israël.
- L’attitude du Qatar envers les Palestiniens, le soutien financier à certains groupes en Syrie et la manière dont il a accueilli l’augmentation du pouvoir politique islamiste après le Printemps arabe ont suscité de longues suspicions dans la région et parmi les observateurs occidentaux. Ils se demandent si le leadership du Qatar entretient des liens directs avec les Frères musulmans.
La complexité de la politique des États-Unis au Moyen-Orient
En conclusion : la relation complexe entre le Qatar et diverses parties internationales, notamment les États-Unis, Israël et le Hamas, reflète clairement la complexité de la politique américaine au Moyen-Orient.
- Le Qatar fournit à Washington un lieu et des intermédiaires pour communiquer avec des individus et des groupes avec lesquels il ne souhaite pas ou ne peut pas entretenir de relations directes.
- Les Qataris affirment jouer un rôle important de cette manière en surveillant les Frères musulmans et la direction du Hamas en les accueillant et en leur offrant une place à Doha.
- Mais on ne peut pas blâmer uniquement le Qatar. Leur politique étrangère est une source importante de pouvoir, d’influence et de prestige. Le vrai problème est que Washington leur laisse carte blanche et n’intervient pas.
(OD)