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Les purges au sein du Parti communiste chinois font craindre le pire à Taïwan

Les purges au sein du Parti communiste chinois font craindre le pire à Taïwan
Le ministre taïwanais des Affaires étrangères Joseph Wu. | Getty / Fotojet

Alors que le rythme des hausses de tension s’est drastiquement accéléré autour du détroit de Taïwan, la nation insulaire se voit de plus en plus comme assiégée par une Chine continentale qui guette le moindre faux pas.

Pourquoi est-ce important ?

Si le différend entre les deux Chine, celle de Pékin et celle de Taipei, ne date pas d'hier, le régime communiste a durci le ton ces derniers temps et muscle son armée. Or le régime de plus en plus autocratique de Xi Jinping fait craindre une course à l'escalade.

L’actualité : après une année au nombre record d’épisodes de tensions, le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, craint que Pékin ne cherche « de nouveaux prétextes pour une future attaque. »

  • Dans un entretien auprès du Guardian, le ministre confie ses craintes d’une tentative chinoise d’entrainer Taïwan dans un conflit ouvert en multipliant les provocations. Le nombre d’incursions chinoises dans les eaux et le ciel de Taïwan a été multiplié par cinq depuis 2020, et elles ont culminé avec des exercices militaires de grande ampleur, avec des tirs de missiles, en août dernier.
  • Si cet épisode a été lié à la visite sur l’île de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi, ces exercices étaient vraisemblablement prévus de longue date, et Pékin y a vu un bon prétexte pour simuler une opération navale contre Taïwan.
  • Pour le ministre, ça ne fait aucun doute : la Chine sautera sur le moindre faux pas des forces de défenses taïwanaises pour lancer une attaque. C’est déjà une véritable guerre des nerfs pour des pilotes et des soldats toujours sur le qui-vive.

Nous sommes tout à fait sûrs que les Chinois pourraient vouloir utiliser un autre prétexte pour s’entrainer à leurs futures attaques contre Taïwan. Il s’agit donc d’une menace militaire contre Taïwan. »

Joseph Wu

Le contexte : le président chinois X Jinping s’est octroyé un mandat supplémentaire à la tête du pays lors du congrès du Parti communiste d’octobre dernier. Le troisième consécutif, ce qui n’est pas dans les usages du pays. La Chine s’est trouvé un nouvel homme fort, qui a placé ses fidèles à des postes clefs pour assurer son pouvoir. Au dernier jour de la cérémonie, l’ancien président Hu Jintao avait été escorté hors de la salle. Tout un symbole ? C’est bien possible, encore que son état de santé peut peut-être apporter une autre explication à cette scène des plus totalitaires.

Pouvoir sans partage à Pékin

  • Le ministre taïwanais des Affaires étrangères souligne la dégradation des options de dialogues – plus ou moins formelles – avec la Chine continentale. Les voix divergentes ne se font plus entendre au sein du parti unique.
  • Joseph Wu n’hésite pas à évoquer une purge dans les rangs de l’État communiste : « C’est parce que le système gouvernemental chinois est devenu tellement autoritaire. Ce n’est plus comme avant, lorsque les universitaires ordinaires pouvaient écrire des recommandations au gouvernement central, entrer en contact avec les principaux décideurs et nous dire ce que pensent les hauts dirigeants, ce genre de choses. »

« Ces deux dernières années, nous constatons que les universitaires chinois ont peur de dire autre chose que la propagande chinoise. Et ils nous ont dit très franchement qu’ils n’étaient plus en contact avec le gouvernement central, ou même s’ils parviennent à entrer en contact avec les bureaucraties gouvernementales, ces dernières ne semblent plus avoir la confiance du dirigeant suprême. »

Joseph Wu

Exister sur la scène internationale

L’enjeu : Taïwan se doit d’exister sur la scène internationale afin que la version de Pékin ne soit pas la seule audible. Or, la Chine continentale fait tout son possible pour isoler l’île diplomatiquement et passer pour la seule Chine légitime.

  • Pékin monnaye son aide économique aux pays qui acceptent de ne plus reconnaître Taïwan. Mais ces dernières années, cette politique se heurte à une frilosité croissante en Europe et aux USA. Les manœuvres chinoises pour punir la Lituanie, qui a ouvert des liens diplomatiques permanents avec l’île, ont plutôt eu un effet contre-productif.
  • Néanmoins Chine reste un partenaire important pour de nombreux pays occidentaux, qui ne tiennent pas à se fâcher avec la deuxième puissance économique mondiale.
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