PS/N-VA : ces trois raisons qui pourraient faire changer d’avis les socialistes

Le Parti socialiste a connu un nouveau bureau de parti animé ce lundi. Au menu: l’éternelle formation gouvernementale au niveau fédéral. Une frange du PS est toujours déterminée à au moins discuter avec la N-VA, et plus si un dénominateur commun est possible. Ce qui paraissait impensable il y a quelques mois encore pourrait changer. Et voici pourquoi.

1. La perspective d’un gouvernement progressiste s’éloigne

La première raison saute aux yeux : c’est l’urgence de la situation. Mais c’est valable pour tous les partis. Le Bureau du plan prévoyait début juin une contraction de l’économie belge de plus de 10%, soit son pire recul depuis la Seconde Guerre mondiale.

Politiquement, le PS voit la perspective d’un gouvernement progressiste s’éloigner. Que ce soit via une coalition Vivaldi (socialistes, libéraux, démocrates-chrétiens, écologistes) ou une tripartite (socialistes, libéraux, démocrates-chrétiens).

Le dernier épisode autour de l’IVG a montré, une fois de plus, que le CD&V ne fera sans doute jamais le saut vers une Vivaldi. Les libéraux n’y sont pas vraiment favorables non plus. Et les écologistes n’ont donné aucune garantie sur un soutien d’une tripartite minoritaire depuis l’opposition.

2. Un gouvernement se formera sans les socialistes francophones

Le PS a perdu petit à petit son statut d’incontournable. Un gouvernement pourra se former sans les socialistes. La pression est grande pour que le sp.a se détache de son parti frère, et le cdH est également prêt à faire le bond.

De ce point de vue, les ‘3 rois’ (Bouchez-Lacheart-Coens) ont plutôt bien manœuvré. En discutant avec le seul sp.a, ils ont mis le doute dans la famille socialiste. La N-VA, de son côté, a retourné le veto socialiste contre lui. Si le PS ne veut pas d’un gouvernement avec la N-VA, le parti de Paul Magnette en sera exclut.

Personne au sein des socialistes ne veut vraiment des élections. Du coup, il ne reste plus mille possibilités: c’est le pouvoir ou l’opposition. Et le PS reste un parti qui gouverne. C’est d’autant plus important à montrer face à un PTB qui a fait de l’opposition sa marque de fabrique.

3. L’UE pourrait permettre des politiques sociales

Face à la crise économique qui couve, l’Union européenne se montrera sans doute plus docile face aux dépenses budgétaires. Et puis, qui voudra après la crise que l’on a connue s’attaquer à la sécurité sociale et financement des soins de santé. Cela donne des garanties pour des politiques plus sociales.

En se joignant au gouvernement, le PS a beaucoup plus de chances de peser sur ces politiques que depuis les bancs de l’opposition. En ‘cédant’, le PS pourra également se montrer gourmand devant ses partenaires. Et au bout du compte le parti pourra revendiquer telle ou telle mesure symbolique.

Déjà vu

Le fait que les socialistes soient prêt à discuter avec les nationalistes n’est pas neuf. En mars dernier, un gouvernement d’urgence à durée limitée était sur le point d’aboutir avec la N-VA.

Mais une frange du PS, surtout bruxelloise, ainsi que des militants, ont montré une vive opposition à ce projet. Paul Magnette a dû à l’époque faire marche arrière.

Le président des socialistes avait néanmoins mal préparé le terrain. Certains socialistes affirment que ceux qui sont contre une discussion sont ultra-minoritaires au sein du PS, de l’ordre de 20%. Mais il ne faut pas oublier non plus les ailes syndicale et mutualiste des socialistes. Thierry Bodson, le nouveau patron de la FGTB, pèsera de tout son poids pour faire échouer une telle tentative.

La N-VA, de son côté, ne fait pas grand-chose pour se montrer fréquentable aux yeux des socialistes les plus récalcitrants. Que ce soit lors de l’épisode de la fête la Communauté flamande, au cours duquel Jan Jambon (N-VA) s’affichait ‘accidentellement’ aux côtés de Dries Van Langenhove (VB) et d’Aurélien Verhassel (génération identitaire), un français à ranger du côté de l’extrême droite et plusieurs fois condamné. L’épisode autour de l’IVG, si il peut être lue comme une manœuvre politique, a montré aussi combien les nationalistes étaient aux antipodes de ce qui est considéré comme acquis du côté francophone (dépénalisation totale).

Quoi qu’il advienne, il faudra du temps, sans doute l’été, pour arriver à une telle formule. De toute manière, la coalition Arizona que préparent les trois partis du gouvernement n’est pas du tout prête. Rappelons que le gouvernement minoritaire de Sophie Wilmès (MR) perdra la confiance du parlement en septembre prochain. Si aucune solution n’est trouvée d’ici là, il ne restera plus qu’un seul scénario: les élections.

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