Plutôt que de dépendre sur Terre d’une énergie renouvelable et propre, mais intermittente, quand on peut la capter toute la journée et toute l’année avec la même intensité en orbite, puis l’acheminer sur notre planète ? Exploiter les rayons du soleil en orbite, ça n’est pas (tout à fait) de la science-fiction.
Un lancement de routine pour SpaceX, un pas de géant pour l’énergie solaire
Cette semaine, la mission The Transporter-6 de SpaceX a livré sa charge en orbite avec succès. Outre les 114 petits satellites et un prototype de voile solaire qui doit se déployer dans les prochains jours, la fusée transportait le Space Solar Power Demonstrator (SSPD), un premier prototype de panneaux solaire déployé dans l’espace.
Mis au point par Caltech via son Space Solar Power Project (SSPP), l’engin déploiera une constellation d’engins spatiaux modulaires qui collecteront la lumière du soleil, la transformeront en électricité, puis transmettront sans fil cette électricité sur de longues distances.
Le SSPD consiste en fait en trois expériences distinctes stockées dans ses 50 kilos, et qui doivent démontrer de la faisabilité d’un engin similaire à bien plus large échelle.
- DOLCE (Deployable on-Orbit ultraLight Composite Experiment) : Une structure d’un mètre carré qui doit tester les composants pour assembler une centrale électrique solaire complète en orbite.
- ALBA : Une collection de 32 types différents de cellules photovoltaïques (PV), pour permettre une évaluation des types de cellules les plus efficaces dans l’espace.
- MAPLE (Microwave Array for Power-transfer Low-orbit Experiment) : un réseau d’émetteurs de puissance micro-ondes légers et flexibles, avec un contrôle précis de la synchronisation, qui concentre la puissance de manière sélective sur deux récepteurs différents afin de démontrer la transmission de puissance sans fil à distance dans l’espace.
La promesse spatiale d’une énergie solaire sans intermittence
La crise énergétique actuelle a accéléré les choses, mais l’idée d’aller capter l’énergie du soleil au-delà de notre atmosphère n’est pas neuve. On bénéficierait ainsi d’une source d’approvisionnement constante, affranchie tant du cycle jour/nuit que des nuages et des variations d’ensoleillement selon les saisons.
Encore faut-il la ramener sur Terre, cette énergie. Mais la recherche évolue et si, encore récemment, les projets de ce type étaient plutôt d’origine militaire, certains pays, comme la Grande-Bretagne, envisagent sérieusement d’acheminer une partie de leur consommation d’électricité depuis l’espace.
Il faudra toutefois au moins six mois pour mettre à l’épreuve le prototype, tant sur la captation d’énergie solaire que sur son envoi par ondes sur une longue distance. C’est donc un pari à long terme, mais c’est peut-être là la solution de l’avenir pour notre civilisation ultra-dépendante à l’électricité.
« Quoi qu’il arrive, c’est une avancée majeure »
« Quoi qu’il arrive, ce prototype constitue une avancée majeure » assurait dans un communiqué avant le lancement Ali Hajimiri, professeur d’ingénierie électrique et d’ingénierie médicale à Caltech et codirecteur du SSPP. « Il fonctionne ici sur Terre et a passé les étapes rigoureuses requises pour tout lancement dans l’espace. Il existe encore de nombreux risques, mais le fait d’être passé par tout le processus nous a permis de tirer des leçons précieuses. Nous pensons que les expériences spatiales nous fourniront de nombreuses informations supplémentaires utiles qui guideront le projet à mesure que nous continuerons à avancer. »