La propriété partagée : votre boîte de Legos est plus rentable que l’or

Aux Etats-Unis, le système de la propriété partagée est assez répandu, et il est fréquent que plusieurs personnes investissent ensemble dans des logements touristiques, des bateaux de plaisance, ou des jets privés pour s’en partager la jouissance. Mais au cours des dernières années, ce système s’est popularisé, et la nature des biens ainsi partagés s’est fortement diversifiée. Dans certains cas, les biens partagés constituent une nouvelle forme de placement pour des investisseurs de plus en plus imaginatifs. 

Plusieurs jeunes startups ont bien compris le potentiel de ce marché, et proposent des places de marché permettant aux utilisateurs d’investir des sommes parfois modiques dans une fraction d’objets de toute nature, et en particulier des objets de collection. Ceux-ci peuvent être très divers : des figurines ou des affiches de Star Wars, des cartes de Pokémon première génération, et même des baskets, entre autres.

Le boom de la propriété partagée

La semaine dernière, une plateforme californienne de ce type, Mythic Markets, a réussi à lever 2 millions de dollars. Sa place de marché se spécialise dans les objets de collection rares de la culture pop. Ses utilisateurs peuvent ainsi acquérir pour 45 dollars une fraction de 1/2000 d’une Carte Lotus Noir du jeu Magic : L’Assemblée. Sur le marché de la collection, la valeur d’une telle carte est en effet estimée à 90 000 dollars. 663 investisseurs auraient déjà profité de cette opportunité. “Le marché secondaire pour ces produits est juste énorme. Ça se négocie comme des actions. On peut surveiller l’évolution moyenne quotidienne de n’importe quelle carte », explique le CEO de cette société, CEO Joseph Mahavuthivanij.

Les marchés financiers américains se sont déjà adaptés à ces produits atypiques, et le risque de tels placements est peu élevé. En échange de leur placement, les clients de la plateforme reçoivent un titre dûment garanti par la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la bourse américaine. Cette dernière se porte ainsi garante pour des bandes dessinées, des bibelots associés à des oeuvres de science-fiction, et même des équipes de e-sports.

Une rentabilité inattendue

De façon remarquable, ces objets peuvent être étonnamment rentables. Au mois de juillet, une collection de 100 paires de sneakers rares a été adjugée pour un montant cumulé de 750 000 euros chez Sotheby’s à New York. 

Une étude menée par la professeure assistante Victoria Dobrynskaya de l’Ecole supérieure d’Economie de Russie sur des boîtes de briquettes Lego a révélé qu’elles atteignaient une valeur extrêmement élevée sur le marché de l’occasion. La chercheuse a même conclu que leur profitabilité dépassait celle des placements classiques tels que l’or, les obligations, et les actions.

“Un énorme marché secondaire pour les boîtes de Lego, comptant des dizaines de milliers d’investisseurs, s’est développé dans les années 2000. (…) Lego n’est pas seulement un jouet, c’est aussi un investissement alternatif raisonnable avec des rendements moyens comparables à ceux des actions, et un risque de marché faible”, écrit la chercheuse, qui observe que ces produits de collection accessibles à tous sont pourtant souvent négligés et sous-évalués. Avis aux amateurs, donc.

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