Profiter de la crise sanitaire pour revoir les numerus clausus ?

La crise sanitaire que connait actuellement notre pays a montré l’importance du personnel soignant dans notre société. Elle a également souligné de nombreux manquements. Et parmi eux, on retrouve la pénurie de médecins. Vers la suppression des quotas ?

Généralistes, urgentistes, gériatres, etc. Plus que jamais, la Belgique a besoin d’eux, mais on se rend compte aujourd’hui qu’ils sont encore trop peu nombreux. La question du numerus clausus, qui détermine chaque année le nombre de nouveaux numéro Inami à créer, est remise une fois de plus au centre des débats.

Depuis de nombreuses années, les médecins et les associations d’étudiants en médecine dénoncent un nombre trop faible de numéros Inami par rapport à la demande réelle. Le nombre de médecins généralistes est insuffisant dans notre pays. Les hôpitaux s’en plaignent souvent. De nombreux patients viennent aux urgences pour de petits maux, car les médecins généralistes de leur région sont soit trop loin, soit surchargés, soit inexistants. De plus, il faut se rendre compte que ‘plus de 50% des médecins en activité ont plus de 55 ans et 13% ont plus de 65 ans. La pénurie ne va faire que s’accroître dans les prochaines années’, indique le communiqué de presse d’Ecolo, en faveur d’une révision du numerus clausus.

Outre la médecine généraliste, d’autres spécialités sont souvent délaissées par les étudiants, car elles sont, entre autres, moins attractives et moins bien payées. Notamment les gériatres qui sont de moins en moins nombreux alors que la population est vieillissante. Cette crise du coronavirus aura eu au moins le mérite de montrer l’importance des soins de santé pour les personnes âgées.

La fin du numerus clausus

Le parti Ecolo, en association avec son pendant flamand, Groen, a annoncé lundi qu’il allait demander un moratoire sur le numerus clausus. Cela aurait pour conséquence de supprimer momentanément le contingent de numéros Inami. Mais ce n’est pas le but final des partis verts.

Ils voudraient plutôt revoir tout le système d’attribution de ces numéros qui donnent accès à la profession. Selon la proposition de la député fédérale Laurence Hennuy (Ecolo), le nombre de numéros Inami à pourvoir serait ‘basé sur une objectivation des besoins de santé de la population’. Ce serait donc la demande en soins et non plus l’offre de médecins qui déterminerait l’accès à la profession et aux différentes spécialisations. Les besoins, variant d’un territoire à l’autre, l’offre de numéros Inami pourrait aussi s’y adapter.

Pour la députée, il faut ‘surtout donner la priorité aux médecins généralistes qui forment cette première ligne de soin et qui passent souvent à la trappe dans les politiques de santé publique’. On a pu voir avec ce crise du covid-19 qu’il est ‘primordiale que cette première ligne soit là et soit efficace’.

Mais il sera aussi possible, sur base d’un cadastre de la profession et d’une vue globale des besoins en santé, de privilégier certaines spécialités qui manquent d’effectifs. La député Laurence Hennuy donne un exemple: ‘si on a une population vieillissante, c’est évident qu’on aura besoin de beaucoup plus de gériatres’.

Quels conséquences pour les étudiants?

Si un moratoire est voté, les étudiants en dernière année de médecine recevront tous un numéro Inami, sans que la question des quotas ne soit évoquée.

Mais cela pourrait aussi avoir un impact pour ceux qui veulent se lancer dans des études de médecine. S’il n’y a plus de numerus clausus, Ecolo et DéFI demanderont la suspension des examens d’entrée pour les études de médecine et de dentisterie. Car ces examens avaient principalement pour but d’éviter qu’il y ait un trop grand nombre d’étudiants en fin d’étude et pas assez de numéros Inami.

Pour le député écolo à la fédération Wallonie-Bruxelles, Rodrigue Demeuse, ‘ça n’a pas de sens de « supprimer » cet examen d’entrée en médecine, si c’est pour envoyer les étudiants au casse-pipe dans 6 ans’. Mais si un accord se finalisait au fédéral sur le numerus clausus, il sera le premier à demander la suspension de l’examen.

Actuellement, tant que le moratoire n’est pas voté, l’examen est toujours de rigueur. À noter que pour éviter la propagation du coronavirus, la première session aura lieu à la fin du mois d’août et la seconde en septembre.

Ce report de la première session devrait en outre permettre aux élèves de fin de cycle humanitaire de pouvoir rattraper leurs lacunes dues à une fin d’année compliquée.

Mais de nombreuses questions autour de cet examen persistent. Le député écolo Rodrigue Demeuse, ne manquera pas de questionner la ministre Glatiny sur un éventuel assouplissement de l’examen mais aussi sur les modalités de la seconde session. Le 12 septembre, c’est seulement 3 jours avant le début de l’année académique. ‘Il faudra évidemment que les résultats tombent le plus rapidement possible et qu’on facilite la réorientation des étudiants qui auront échoué’, précise-t-il.

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