La production de lithium de l’Argentine devrait tripler en deux ans : pourquoi c’est une bonne nouvelle pour l’Europe

Dans les deux ans à venir, plusieurs lieux de production de lithium vont pouvoir commencer leurs activités en Argentine, et d’autres seront agrandis. La production d’or blanc du pays devrait ainsi tripler. Une bonne nouvelle pour l’Europe, qui veut diversifier ses approvisionnements. Surtout que l’Argentine, contrairement à ses pays voisins, donne toujours accès à ses ressources.

Pourquoi est-ce important ?

Le lithium est appelé "l'or blanc". Il a un rôle important dans la transition énergétique, comme matière première pour les batteries, notamment de véhicules électriques. La demande ne désemplit pas et c'est la course aux approvisionnements, dans le monde. Les pays qui exploitent leurs ressources gagnent en influence et en pouvoir sur la scène internationale.

Les faits : de nombreux projets de production de lithium vont être terminés dans les mois à venir, en Argentine.

  • De quoi tripler la production, d’ici deux ans. C’est ce qu’affirme Franco Mignacco, président de la Chambre des Mines du pays, à Reuters.
  • La production passerait ainsi à 120.000 tonnes de carbonate de lithium par an. Ce ne serait pas encore suffisant pour dépasser le Chili voisin, qui produit 180.000 tonnes. La Chine et l’Australie produisent tous deux plus de 300.000 tonnes de carbonate de lithium.
  • En somme, le pays compte actuellement deux sites de production de lithium, qui vont être agrandis. Six autres exploitations sont en d’être construites. La production pourrait encore augmenter par après : 15 autres sont en train « d’explorer la faisabilité » et sont déjà à des étapes avancées de ce processus, ajoute Mignacco.
    • De quoi faire la différence avec les pays voisins, la Bolivie et le Chile (la région est également connue sous le nom de « Triangle du lithium », pour abriter environ la moitié des réserves mondiales). Ils n’ont pas autant de projets en cours de développement.

« Stratégie pro-marché »

Zoom arrière : une production qui augmente, et surtout, un marché ouvert.

  • Autre différence avec les pays voisins : l’approche économique. L’accès aux ressources boliviennes a toujours été très stricte. Ailleurs sur le continent américain, le Mexique a nationalisé ses ressources, l’année dernière.
    • Le Chili a aussi pris un tournant plus protectionniste, jeudi dernier. Selon les plans, l’État deviendrait partie prenante dans tous les projets existants, via une entreprise publique, pour avoir un certain contrôle. Le but est de développer le secteur en aval, comme la production de batteries.
    • Chili avec qui l’Europe a d’ailleurs signé un accord commercial, concernant des matières premières comme le lithium.
  • L’Argentine mise cependant sur un marché libre et accessible. « L’Argentine a accordé des concessions à des projets au cours des dix dernières années », continue Mignacco. « C’est pourquoi nous avons aujourd’hui ce niveau d’investissement et de développement du lithium et cette possibilité de croissance. »
    • « Le secteur argentin du lithium a prospéré grâce à une stratégie décentralisée et favorable au marché », ajoute Benjamin Gedan, spécialiste pour l’Amérique du Sud pour l’institut de recherches The Wilson Center, auprès de Reuters.

Bonne nouvelle pour l’Europe

Zoom avant : l’Europe veut assurer son approvisionnement en matières premières dites « critiques », dont le lithium.

  • La production qui triple et un marché qui reste ouvert – voilà une bonne nouvelle pour l’Europe et sa volonté de transition énergétique.
  • Avec une loi appelée Raw Materials Act, l’Europe veut assurer ses approvisionnements en minerais, devenir plus indépendante (et moins dépendante de la Chine) et diversifier ses approvisionnements. Pour ce faire, elle compte sur une transformation maison des matières premières.
    • 40% des matières premières consommées en Europe devrait ainsi être transformées sur le continent. Mais les 27 le comptent extraire seulement 10% des matières premières consommées de leur propre sol. Ainsi, le Vieux continent aura toujours besoin de nombreuses importations.
  • L’Argentine aurait ainsi définitivement une carte à jouer.
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