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La cohabitation entre Tesla et les autres marques sur les stations « Supercharger » ne se fait pas sans accrocs

La cohabitation entre Tesla et les autres marques sur les stations « Supercharger » ne se fait pas sans accrocs
crédit: Getty Images

La voiture électrique est un des points d’ancrage de la transition énergétique, mais le problème de la recharge dissuade encore des automobilistes. Le plus grand réseau européen de bornes de charge rapide est opéré par Tesla, et ces derniers mois, il s’est ouvert aux véhicules d’autres marques. Mais cela ne se passe pas sans problème : ce n’est pas efficace pour tous les modèles, et en Allemagne, ces bornes Tesla sont désormais illégales.

Un des contrastes entre les voitures à moteur thermique et les véhicules électriques (VE) est la question de la recharge : il y a des stations-service à quasi tous les coins de rue pour le thermique, mais les bornes de recharge électriques, même si le réseau et le marché des VE se développent, restent rares. Un plein d’essence ou de diesel se fait en quelques minutes, alors qu’une recharge de la batterie peut prendre plusieurs heures. Cette question de la recharge est en tout cas souvent brandie par les particuliers comme argument contre un passage à la voiture électrique.

C’est là qu’intervient le constructeur de VE Tesla, avec ses bornes appelées « Supercharger ». Ces bornes puissantes peuvent remplir une batterie en une demi-heure environ, ce qui est plus rapide que les bornes disponibles en ville ou chez vous. Ces bornes n’étaient accessibles qu’aux conducteurs d’une voiture de la marque, mais entretemps, la société dirigée par Elon Musk a ouvert son réseau à des véhicules d’autres marques. D’abord, en novembre 2021 aux Pays-Bas, puis dans d’autres pays : en France en janvier et Belgique en mai, par exemple.

En Europe, d’autres marques proposent également de telles bornes de charge rapide, comme le Néerlandais Fastned (approximativement 200 stations) et l’Allemand Ionity (plus de 400 stations), mais Tesla reste le plus important fournisseur (plus de 750 stations).

Problèmes de connexion

Or, l’ouverture de certaines des stations Tesla en Europe à d’autres marques ne se passe pas sans heurts. Un premier problème se pose au niveau de la connectivité des véhicules et des bornes. Pour ces stations, la marque a optimisé l’espace, de manière que chaque borne corresponde à une place de parking. Les véhicules Tesla ont leur prise à l’arrière gauche, et c’est là que se situe aussi la borne.

Des conducteurs de véhicules du groupe Volkswagen (VW, Audi et Skoda) rencontrent alors des difficultés, car leur prise est à droite ou en haut à gauche. Or, le câble de Tesla est court, et ces conducteurs doivent occuper deux places de parking, peut-on lire dans certains témoignages. La station perd alors une partie de sa capacité, ce qui peut devenir problématique en cas de forte affluence.

Les conducteurs de Kia se plaignent que les prises ne se verrouillent pas, contrairement aux véhicules de Tesla. N’importe qui pourrait alors débrancher la prise et interrompre la charge. Aussi, tous les modèles de véhicules électriques ne supportent pas la charge rapide (mais ce souci n’est pas de l’essor de Tesla).

Problèmes légaux

A côté des soucis de connexion entre marques, Tesla se retrouve désormais aussi dans le collimateur de la justice pour ses bornes. Ironiquement, c’est la bureaucratie allemande qui s’abat à nouveau sur le constructeur américain. Lors de la construction de son usine à Berlin, Tesla avait déjà dû faire face à de longs délais pour obtenir les permis nécessaires. A tel point que pour sa prochaine usine, la marque choisira le lieu qui offre le moins de lourdeur administrative.

Tesla, c’est le numérique avant toute chose. Les commandes se font sur internet, le tableau de bord est un écran géant, et pour charger sa voiture, tout se fait via une application. Mais voilà ce qui déplait à la justice allemande. En Allemagne, pays où les bornes sont disponibles aux autres conducteurs depuis juin, les bornes doivent inclure un compteur qui affiche le débit, à l’image des pompes à essence. Or, les utilisateurs des bornes Tesla ont accès à ces informations via l’application, et les bornes ne comportent pas d’écran.

Les bornes sont donc jugées illégales. Surtout concernant les utilisateurs non-Tesla, car les conducteurs « maison » ont souvent des abonnements forfaitaires et dans ce cas l’exigence d’un compteur ne s’applique pas. Mais pour l’instant, aucune amende n’est en vue, car la marque voudrait se conformer aux exigences et serait en train d’adapter les bornes, confirment les autorités au Handelsblatt.

On ignore le coût que cela représentera pour Tesla et ses 16 stations, dont une qui contient 40 bornes. Mais l’entreprise américaine ne pouvait que se conformer : le pays de l’auto est un marché important, et le concurrent numéro 1, le Chinois BYD, arrive dans les prochains mois. Sur ses stations allemandes, Tesla est d’ailleurs aux petits soins avec les conducteurs : la marque a installé un lounge sur l’une d’entre elles, et une piscine temporaire sur une autre.

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