Le prix du gaz flambe à nouveau en Europe, conséquence de grèves à l’autre bout du monde

C’est ce qu’on appelle l’effet papillon : des grèves sur des sites de gaz naturel liquéfié (GNL) provoquent une hausse des prix du gaz en Europe, un marché encore très vulnérable après la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que l'on pouvait enfin souffler, voici que les prix du gaz repartent de nouveau à la hausse. Preuve qu'il ne faut pas crier victoire trop vite dans ce domaine et que le marché reste encore très fragile après ses fortes turbulences l'hiver dernier.

Dans l’actu : Les travailleurs de deux sites de GNL du géant américain Chevron en Australie ont mis leur menace à exécution. Ils sont officiellement entrés en grève ce vendredi, annonce Bloomberg.

  • Réaction directe : le TTF néerlandais, la référence européenne pour le gaz, était en hausse de 8,5% à 35,55 euros par mégawattheure à la Bourse d’Amsterdam, au moment d’écrire ces lignes.
  • Les contrats à terme sur le gaz ont même bondi jusqu’à 12% à l’annonce de la nouvelle, avant de réduire une partie des gains.

Plus de détails : Pourquoi, et combien de temps ?

  • L’Europe ne dépend pas directement de cet approvisionnement en gaz depuis l’Australie, puisqu’elle reçoit rarement cette énergie depuis l’autre bout du monde. Mais cette réduction impacte l’Asie, le premier client du GNL australien, ce qui augmente alors la concurrence pour les cargaisons alternatives chez des producteurs qui fournissent habituellement l’Europe, et fait donc flamber les prix.
    • Une menace d’autant plus importante lors des pics de demande pendant les mois d’hiver dans l’hémisphère nord.
    • Or l’Australie est le plus grand exportateur de GNL au monde. Les sites des grèves à Gorgon et Wheatstone représentaient à eux seuls environ 7 % de l’approvisionnement mondial en GNL l’année dernière.
  • Les employés des sites de Chevron réclament des hausses de salaires et plus de sécurité d’emploi. Ils n’ont pas pu trouver un accord avec la direction malgré des négociations entamées depuis plusieurs semaines.
    • Sans dévoiler ses plans, Chevron se dit prêt à maintenir les opérations malgré les troubles.
    • Mais les syndicats menacent de fermer l’usine de GNL faute de personnel qualifié pour assurer les transferts pendant les grèves.
    • Notons que les syndicats de Woodside Energy Group menaçaient également de faire grève, mais ils sont arrivés à un compromis avec les travailleurs.
  • S’il s’agit pour le moment de grève partielles, les membres du syndicat Offshore Alliance ont déclaré un arrêt total du travail pendant deux semaines à partir du 14 septembre. Cela risque donc de durer jusqu’à la fin du mois au moins.

Que l’on se rassure toutefois : pas de rupture de stock prévue a priori pour cet hiver, puisque les capacités européennes de stockages sont remplies à 93%. On n’est toutefois pas à l’abri d’une mauvaise surprise, ces stocks n’étant pas conçus pour couvrir la consommation totale du continent pendant les trois mois les plus froids de l’année.

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