Prigojine mort, Poutine a le champ libre pour prendre le contrôle de Wagner et de ses prolifiques opérations

Difficile de ne pas voir dans le crash de l’avion transportant le patron du groupe Wagner un acte délibéré de la part du Kremlin pour se venger du coup d’État mené par Prigojine en juin dernier. Et la réaction du président russe Vladimir Poutine quelques jours après l’annonce du mystérieux accident ne fait que renforcer l’idée qu’il n’y est pas étranger.

L’actualité : le président russe s’empresse de prendre le contrôle des opérations du chef du groupe de mercenaires Wagner en Afrique et au Moyen-Orient, quelques jours après l’annonce de sa mort.

  • Un contractant armé affilié au ministère de la Défense s’apprête à prendre en charge les opérations de Wagner en République centrafricaine, ont déclaré plusieurs personnes proches du ministère de la Défense et du groupe de mercenaires, rapporte Bloomberg.
  • L’ensemble des organisations de la milice à l’étranger devrait tomber sous un commandement militaire russe, ont assuré d’autres sources, mettant ainsi fin à la configuration du groupe de mercenaires qui a permis à Prigojine de mener une mutinerie en juin dernier.

Le détail : la semaine dernière, Poutine a signé un décret ordonnant aux combattants de Wagner et à d’autres mercenaires de prêter allégeance à l’État russe.

Des opérations cruciales pour la Russie

Il n’est évidemment pas surprenant que Poutine cherche à mettre la main sur les opérations de Prigojine en Afrique et au Moyen-Orient, de même que sur les mercenaires du groupe Wagner.

  • D’une part, ces derniers sont des combattants expérimentés qu’il vaut mieux avoir de son côté.
  • D’autre part, ils constituent une influence majeure en Afrique et au Moyen-Orient pour contrer l’Occident dans ces régions du monde. Cerise sur le gâteau, ils sont également actifs dans des opérations lucratives d’exploitation des riches ressources de ces deux régions.
  • Reste qu’en absorbant officiellement les mercenaires, la Russie ne pourra plus cacher sa proximité avec Wagner et devra donc assumer ses liens avec les agissements problématiques du groupe. Entre préserver son image – du moins en apparence, car la proximité de Wagner avec Poutine n’a jamais été un secret – et asseoir son influence, Poutine a fait son choix.
    •  « On s’est toujours attendu à ce que le groupe Wagner, voyou, soit fermement remis sous la laisse du Kremlin », a déclaré Alia Brahimi, experte à l’ Atlantic Council qui a conseillé plusieurs gouvernements sur la politique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. « Mais la mauvaise nouvelle pour Poutine, c’est que cela le met désormais personnellement sur le banc des accusés pour l’exploitation et les abus de Wagner, ainsi que pour les dangers qu’il représente. »

Pour rappel : le groupe Wagner a entamé un coup d’État en juin dernier et marché en direction de Moscou, en réaction aux échecs de la Russie en Ukraine, ainsi qu’à la mort de nombreux mercenaires sur le terrain. Le chef de la milice, Evgueni Prigojine, blâmait le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d’état-major général Valéri Gerasimov pour ces griefs et assurait également qu’ils avaient tenté de prendre le contrôle de son organisation.

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