Hausse de 400 % des prêts hypothécaires depuis 2000 ; le gouvernement intervient

Le marché belge de l’immobilier se durcit : les prix des maisons et des appartements ont fortement augmenté ces dernières années. De toute évidence, il n’est pas facile pour les jeunes d’acheter leur propre maison au début de leur carrière. Souvent, cette première acquisition ne peut se faire qu’avec le soutien financier des parents ou des grands-parents. Comme tout le monde semble craindre une hausse des prix de l’immobilier, une possible correction, voire même un crash, pourrait bientôt se profiler. De ce fait, les banques veulent réfléchir aux montants qu’elles peuvent prêter sur le marché du logement. Aujourd’hui, le montant des prêts hypothécaires accordés par les banques belges se monte à 187 milliards d’euros. Cela signifie une augmentation de 400 % depuis 2000. Mais ce n’est pas tout. La Banque Nationale demande maintenant au gouvernement d’intervenir, écrit De Tijd. Cette demande survient à la suite d’un avertissement lancé par l’instance de surveillance européenne. Celle-ci a qualifié le marché de l’immobilier belge de « vulnérable », une catégorie dans laquelle elle a également répertorié 7 autres pays européens.Elle veut obliger les banques à se couvrir : elles doivent mettre en place des réserves supplémentaires pour se protéger contre les possibles défaillances et bien sûr, ces réserves seront payées par ceux qui empruntent de l’argent sous forme de prêt hypothécaire. Ainsi, emprunter pour acheter une maison menace de devenir plus coûteux. Ces informations viennent s’ajouter à l’annonce des banques elles-mêmes, qu’elles ne veulent plus consentir des prêts représentant l’intégralité du prix d’achat d’une maison. C’est ce qu’a fait savoir la semaine dernière Johan Thijs, CEO de KBC.

Le gouvernement peut difficilement agir différemment

Une série de signes indiquent que les gens recourent de façon trop importante et trop rapidement à l’emprunt. De plus en plus de prêts sont conclus avec une durée supérieure à 25 ans. En outre, désormais, 33 % de tous les prêts couvrent plus de 90 % du prix d’achat du logement.C’est pour cette raison que la Banque Nationale veut maintenant mettre en place un tampon : il faut des réserves pour tous ceux qui empruntent plus de 80 % de la valeur d’achat, au cas où les bénéficiaires du prêt seraient dans l’impossibilité de le rembourser.Ce n’est pas une première. Sous le gouvernement précédent du Premier ministre Elio Di Rupo (PS), les banques ont été contraintes de mettre en place des réserves supplémentaires de 900 millions d’euros. Au cours du printemps, le gouvernement actuel de Charles Michel (MPR) a refusé de continuer cette politique. Des prêts plus coûteux, c’est une question très sensible, surtout pour les libéraux. Ces derniers pensent que tout le monde a le droit d’avoir sa propre maison, et sont moins enclins à penser que des règles ou des coûts supplémentaires peuvent apporter une solution. Ainsi, le ministre flamand du budget Bart Tommelein (Open Vld) a vivement réagi à la proposition du patron de KBC, Johan Thijs : « Ceux qui ont la capacité à rembourser doivent pouvoir continuer à emprunter le montant correspondant à la totalité de l’acquisition », a-t-il soutenu.Le gouvernement fédéral a demandé à la Banque Nationale d’examiner l’affaire au printemps, et celle-ci est revenue avec de nouveaux conseils : elle propose néanmoins la mise en place de réserves supplémentaires de 550 millions d’euros. De cette manière, les épargnants individuels ne seront pas affectés. Mais le coût des emprunts risque encore d’augmenter de toute façon, même s’il sera réparti sur un plus grand nombre d’emprunteurs. Le problème, c’est que les conditions d’emprunt seront également durcies. Et de toute manière, il faudra bien payer les 550 millions d’euros. Le gouvernement n’a pas trop le choix cette fois-ci : la pression de l’Europe pour qu’il agisse est très grande.

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