Ces dernières années nous avons relevé nos exigences sur ce qui peut être considéré ou non comme une source écologique d’énergie, et dorénavant c’est toute la filière de production qui est scrutée attentivement. Ça sera désormais le cas pour les éoliennes.
On peut lire sur le site d’Engie, producteur bien connu d’énergie, qu’alors que la première génération d’éoliennes installées en masse arrive tout doucement en fin de vie, ces engins sont largement recyclables: « France, elles sont recyclées et le site est dépollué ! […] Leurs différentes parties sont démontées, triées puis envoyées dans des filières de valorisation spécialisées. Le béton utilisé pour leurs fondations est réutilisé sur d’autres sites, l’acier et l’aluminium sont envoyés dans des fonderies ou des aciéries, et la fibre de verre des pales d’éoliennes est réutilisée pour d’autres produits, comme les bouches d’incendie. »
Des lames encombrantes et quasiment indestructibles
Mais quoiqu’en dise Engie, dans les faits ça n’est pas totalement le cas. Si jusqu’à 85% – l’entreprise avance elle 96%- d’une éolienne (du plastique, du cuivre, de l’acier,…) peuvent effectivement se recycler aisément, ce n’est pas le cas d’un élément très important : les pales. Ces interminables lames sont bâties en fibre de verre, quasiment impropre au recyclage, et comme elles sont parfois plus longues que l’amplitude des ailes d’un avion de ligne, leur acheminement relève du cauchemar logistique. Habituellement, elles sont sciées en trois tronçons à l’aide d’une scie géante incrustée de diamant industriel avant de s’accumuler dans des décharges spécifiques.
Selon une enquête de Bloomberg datant de 2020, environ 8.000 pales seront retirées chaque année aux USA, tandis que l’Europe, qui est confrontée au problème depuis plus longtemps, prévoit d’en retirer environ 3.800 par an jusqu’en 2022 au moins.
Une première En Allemagne
Difficile en effet de mettre au point des pales susceptibles de résister à des tempêtes en pleine mer qui seraient également aisées à broyer ou à compacter en des composants plus maniables et réutilisables. Mais pas impossible ; la première éolienne au monde dotée de pales recyclables a été installée sur un parc éolien offshore en Allemagne, relève IFLscience. Construite par Siemens, la Gamesa RecyclableBlades se veut aussi résistante que ses congénères plus anciennes face aux vents et aux pluies du large, tout en pouvant être recyclée après un bain dans un acide léger.
« Ce résultat est impressionnant et souligne le rythme auquel nous devons tous avancer pour fournir une capacité de production suffisante pour lutter contre l’urgence climatique mondiale », a déclaré par communiqué Marc Becker, PDG de la division Offshore de Siemens Gamesa. « Cette étape marque une contribution significative à l’objectif de Siemens Gamesa de disposer de turbines entièrement recyclables d’ici 2040. Avec la RecyclableBlade disponible pour nos clients, nous pouvons créer une économie circulaire vertueuse. »
Une solution à base de résine et de bois
Si les proportions des différents composants n’ont pas été communiquées, les pales construites par Siemens Gamesa sont constituées d’un mélange similaire, mais pas identique aux autres éoliennes de fibre de verre, de résine, et de bois.
La firme annonce qu’elle a mis l’accent sur la possibilité de séparer ces composants durant le processus de recyclage qui, selon Siemens, peuvent ensuite être utilisés pour diverses autres applications. La firme cite spécifiquement la production de valises. C’est un débouché fort particulier, mais effectivement le recyclage croissant des composants les plus encombrants des nouvelles technologies est nécessaire pour mener à bien notre transition, en particulier dans le domaine énergétique.