Le destin politique du Premier ministre Rishi Sunak a pris un coup dur lorsque son parti conservateur au pouvoir a essuyé une défaite électorale capitale dans le sud-ouest de l’Angleterre. Cette débâcle suscite maintenant des interrogations quant à sa capacité à maintenir ses bastions lors du prochain scrutin national, prévu l’année prochaine.
Dans l’actu : Le gouvernement de Rishi Sunak reste en place, mais les Conservateurs ressortent fragilisés d’une élection clé qu’ils auraient pu aisément gagner.
- Dans une surprenante reprise en force lors d’élections partielles, le parti travailliste a vaincu le parti conservateur dans la région du nord de l’Angleterre, Selby et Ainsty, où le parti de Sunak détenait une majorité écrasante.
- Parallèlement, un autre siège, Somerton et Frome, a été conquis par les libéraux-démocrates, un parti centriste. Le député conservateur sortant, David Warburton, est accusé de consommation de cocaïne.
Toutefois : Une bonne nouvelle inattendue pour les Conservateurs : ils ont pu conserver l’ancienne circonscription de Boris Johnson, ex-Premier ministre déchu, à Uxbridge et South Ruislip, dans le nord-ouest de Londres.
- Un coup dur pour les Travaillistes, principal parti d’opposition.
- Mais c’était serré : la différence s’élève à moins de 500 votes.
- Si ça n’avait pas été le cas, Rishi Sunak aurait été le premier dirigeant britannique à perdre trois élections partielles le même jour depuis plus de 50 ans. Il évite donc de justesse un zéro pointé.
De mauvais augure pour 2024
Entre les lignes : Malgré ce soulagement relatif, tout n’est pas terminé pour Rishi Sunak, qui reste sous pression avant les élections législatives de 2024.
- Le Premier ministre a prévenu que ce serait une « rude bataille » et a appelé la majorité à l’unité face à l’opposition qui monte en force.
- Il faut dire que ses prédécesseurs n’ont pas vraiment donné un exemple de longévité : Boris Johnson a démissionné en juillet 2022 à la suite du scandale du « partygate », puis Liz Truss a claqué le porte après seulement 45 jours au pouvoir en octobre 2022. Tous deux étaient conservateurs.
- Après treize années au pouvoir, le vent pourrait donc changer pour les « Tories » au profit du « Labour », qui attend de sortir de l’ombre de l’opposition.
- En témoigne les récents sondages : malgré l’impression initiale de stabilité et de professionnalisme que l’ex-banquier d’affaires avait pu donner à son arrivée, sa cote de confiance a chuté cette semaine pour atteindre son niveau le plus bas, avec 65% des Britanniques exprimant une opinion défavorable à son égard, d’après les résultats de l’institut YouGov publiés par l’AFP.
- En cause : au cours de l’année écoulée, une inflation marquée, bien qu’en baisse à 7,9% en juin, a eu un impact négatif sur le pouvoir d’achat.
- Les élections partielles de jeudi ont également coïncidé avec d’importants mouvements de grève des cheminots et des médecins dans les hôpitaux.
- Elles interviennent quelques jours après que le ministre de la Défense Ben Wallace a annoncé qu’il démissionnerait après le remaniement gouvernemental, prévu en septembre, et qu’il ne se représenterait pas aux législatives. Comme un aveu de défaite avant l’heure pour les Conservateurs.
- Rishi Sunak peut toutefois s’appuyer sur la cote d’impopularité de son principal opposant, le travailliste Keir Starmer, qui a entrepris de recentrer son parti après la période sous la direction de Jeremy Corbyn, considéré comme étant très à gauche.
- Il a notamment suscité la colère d’une partie de ses partisans cette semaine en s’opposant à l’amélioration des aides sociales pour les familles nombreuses.
- La majorité des Britanniques le jugent défavorablement, en partie pour son manque de charisme.