Premier meeting officiel entre les USA, la Chine, la Russie, et les talibans

La « Troïka + 1 » – USA, Russie, et Chine, associés au Pakistan – a assuré les talibans de son entière coopération pour la stabilisation du pays, à partir du moment que les miliciens islamistes s’engagent à ce que le pays ne redevienne pas un nid à terroristes.

L’Afghanistan connaitra-t-il jamais la paix ? On pourrait en douter, alors que le régime taliban fraichement en place se voit lui-même confronté à une vague d’attaques terroristes orchestrée par le mouvement dissident ISIS-K, ou État islamique au Khorassan. Un nouvel avatar de Daech qui fait craindre la contagion dans les pays voisins, voire la constitution d’un nouveau sanctuaire terroriste capable de mener des attaques ailleurs dans le monde. Face à cette situation, les grandes puissances – et en premier lieu les États-Unis – se voient contraintes de prendre une initiative qu’elles n’évoquaient auparavant qu’avec une certaine frilosité : collaborer avec les talibans.

 » L’avènement d’un Afghanistan stable « 

Des envoyés américains, mais aussi russes et chinois se sont rencontrés à Islamabad, au Pakistan, ce jeudi, avec leurs homologues locaux. Ce groupe, qualifié de « Troïka + 1 », a abordé cet épineux sujet avant de rencontrer -geste ô combien symbolique- des représentants talibans.

Ils les ont exhortés à éliminer la menace terroriste « d’une manière décisive« , tout en leur faisant part de leurs préoccupations face à la situation humanitaire de l’Afghanistan, qui s’est rapidement dégradée suite à leur prise de pouvoir. Le Département d’État américain est allé jusqu’à déclarer dans un communiqué que les quatre pays avaient convenu de « poursuivre l’engagement pratique avec les talibans afin d’encourager la mise en œuvre de politiques modérées et prudentes qui peuvent contribuer à l’avènement d’un Afghanistan stable et prospère dès que possible. » Il a également salué l’engagement des talibans à permettre le passage en toute sécurité de tous ceux qui voyagent vers et depuis l’Afghanistan, et a appelé à un accès humanitaire sans entrave.

L’ennemi de mon ennemi…

La veille, le gouvernement pakistanais annoncé qu’il était parvenu à un accord de cesser-le-feu avec Tehreek-e-Taliban, filiale locale des miliciens afghans, qui avait accru ses activités subversives depuis la victoire de ses coreligionnaires de l’autre côté de la frontière. En août, 35 attaques au Pakistan ont tué au moins 52 civils, le bilan mensuel le plus élevé depuis février 2017.

En d’autres termes, la Troïka + 1 laisse libre court aux talibans de régner en maitres sur l’Afghanistan et d’imposer leur système judiciaire basé sur la Charia à sa population, tant qu’ils s’engagent à combattre tout mouvement terroriste qui tenterait de s’implanter durablement dans le pays. Et ce, en échange d’une aide humanitaire dont, il est vrai, les Afghans ont grand besoin. Le pays est en proie à « la pire crise humanitaire qu’on ait jamais vue » selon les mots d’un responsable des Nations unies. Quelque 23 millions de personnes ont désespérément besoin de nourriture, le PIB afghan de 20 milliards de dollars pourrait diminuer de 4 milliards ou plus et 97 % des 38 millions d’habitants risquent de sombrer dans la pauvreté, s’alarme Abdallah Al Dardari, le représentant local de l’ONU.

Depuis l’arrivée au pouvoir des talibans et la débâcle des Occidentaux, de nombreux pays tentent de manière plus ou moins assumée de tisser des relations cordiales avec les nouveaux maîtres du pays. La Chine en premier lieu, qui convoite les ressources du pays voisin tout en craignent la contagion terroriste. Mais d’autres pays, comme la Turquie et le Qatar, se sont déjà engagés à contribuer à la reconstitution du pays et fournissent une aide humanitaire.

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