La société d’État russe Gazprom, premier producteur de gaz du pays, a produit en juillet 14 % de gaz naturel de moins qu’en juin. La production est maintenant à son point le plus bas depuis 2008.
Tout cela est dû à l’invasion russe de l’Ukraine. Après le déclenchement de la guerre par le Kremlin en février, l’Europe a imposé un grand nombre de sanctions au pays. En représailles, le dictateur Vladimir Poutine a restreint les exportations de gaz vers l’Europe, ce qui menace de provoquer une crise énergétique majeure chez nous.
Mais en faisant cela, Poutine s’est tiré une balle dans le pied. Après tout, l’Europe est le plus grand marché pour le gaz russe. Bien que la Chine et l’Inde profitent désormais de la situation en achetant du gaz naturel à prix réduit, cela ne compense pas la réduction des exportations vers l’Europe.
Pour cette raison, les chiffres ne sont pas très élevés. Selon Bloomberg, le géant russe du gaz a produit en moyenne 774 millions de mètres cubes par jour en juillet, soit une baisse de 14 % par rapport à juin. La production totale pour cette année est en baisse de 12 % par rapport à la même période en 2021.
Les exportations vers les pays hors de l’ex-Union soviétique ont même chuté de quelque 22 %. Et ce, malgré le fait que la Chine ait importé des quantités record le mois dernier.
A long terme
Il y a toutefois une mise en garde importante à propos de ces chiffres. Les revenus des exportations de pétrole et de gaz vers l’Europe ont doublé depuis le début de la guerre, selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Néanmoins, l’économie russe sera sérieusement touchée à long terme, selon une analyse de l’université de Yale. La combinaison des sanctions occidentales, de la réduction des exportations et d’un monde occidental qui tente désormais de se rendre moins dépendant du gaz russe en cherchant d’autres sources pourrait signifier que l’avenir de la Russie n’est pas brillant.
« L’importance des exportations mondiales de matières premières pour la Russie dépasse de loin l’importance des exportations russes de matières premières pour le reste du monde », peut-on lire dans l’analyse. À mesure que les chaînes d’approvisionnement en gaz naturel sont réorganisées et que l’Europe devient moins dépendante du pétrole et du gaz naturel russes, l’économie du pays pourrait perdre à jamais une importante source de revenus.
Pour d’autres analystes, la Russie doit s’attendre à un contre-choc gazier, comme l’ont connu les monarchies pétrolières après les chocs pétroliers des années 70.
L’Europe regarde ailleurs
L’Europe s’efforce de trouver d’autres fournisseurs. L’Italie, par exemple, a récemment commencé à importer une plus grande quantité de gaz naturel d’Algérie. D’autres pays d’Afrique sont également des candidats potentiels pour satisfaire la faim de gaz de l’Europe. Les États-Unis y contribuent aussi : ils ont déjà fourni plus de gaz naturel cette année que pendant toute l’année 2021.
Selon le rapport de Yale, le fait que Poutine se tourne désormais vers l’Asie pour écouler son gaz naturel à des prix plus avantageux n’est pas un bon signe pour la Russie. « Elle est maintenant en position de faiblesse en raison de la perte de ses anciens marchés clés », indique le rapport. La position stratégique de la Russie en tant qu’exportateur de matières premières aurait été « irrévocablement détériorée ».
(JM)