Poutine tient les généraux pour responsables des échecs en Ukraine: ils filent à la guillotine les uns après les autres

L’armée russe ne fonctionne pas correctement en Ukraine. Les nombreuses pertes, le moral en berne, l’offensive ratée vers Kiev et la lente progression dans le reste du pays le prouvent. Le Kremlin tient pour responsable le haut commandement de l’armée, composé d’une série de généraux de haut rang. Ceux-ci sont en train d’être remplacés, un par un.

Dans son rapport du 21 juin, l’Institute for the Study of War (ISW), un groupe de réflexion qui suit de très près la guerre en Ukraine, rend compte des changements de pouvoir à la tête de l’armée russe. Plus précisément, il indique que deux généraux de haut rang sont tenus pour responsables du fiasco en Ukraine: ils auraient été remplacés.

Il y a d’abord Alexandre Dvornikov, surnommé « le boucher de Syrie ». Il avait été nommé commandant en chef de l’invasion de l’Ukraine au début du mois d’avril. Ce faisant, le Kremlin avait ainsi immédiatement reconnu que l’approche initiale, une guerre éclair au cours de laquelle Kiev devait tomber en quelques jours, avait échoué. Mais Dvornikov, qui était également commandant en chef du district militaire du Sud et qui avait auparavant coordonné les troupes russes en Syrie, aurait donc fini par être été écarté.

Le 17 juin déjà, le média d’investigation Bellingcat rapportait que Dvornikov avait été démis de ses fonctions: il consommait tellement d’alcool que la confiance que ses hommes lui portaient s’émoussait. Ce n’est pas non plus un secret que la Russie subit des pertes relativement élevées et qu’elle ne fait guère de progrès sur le terrain. La perte de plusieurs navires, dont le croiseur Moskva, serait également en partie attribuée à Dvornikov.

Remplacements

Le dernier rapport de l’ISW révèle qui a succédé à Dvornikov. Selon l’officier de réserve Oleg Marzoev, Sergueï Sourovikine a été choisi comme nouveau commandant du district militaire du Sud. C’est lui qui a fondé la police militaire en Russie. Par la suite, il a également été commandant en chef du district militaire de l’Est. En mars 2017, il était aussi devenu commandant des troupes russes en Syrie. Après cela, Sourovikine était devenu commandant en chef des forces aérospatiales, commandant donc jusqu’à présent à la fois les forces de missiles et les forces aériennes.

En tant que commandant en chef de l’invasion de l’Ukraine, le Kremlin aurait choisi le colonel-général Guennadi Jidko, jusqu’ici chef de la direction militaro-politique principale des forces armées russes, l’organisation qui aide à déterminer la stratégie de l’armée et qui supervise la loyauté de l’armée envers la nation.

Jidko a précédemment servi son pays dans diverses fonctions au sein de l’armée. Ces dernières années, il a notamment été le chef de cabinet des troupes russes en Syrie. C’était sous la direction de Valeri Gerasimov, qui est aujourd’hui le chef d’état-major de l’armée russe (le plus haut gradé après le président Poutine et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou). Par la suite, Jidko est également devenu chef adjoint de l’état-major général de l’armée russe, qui coordonne toutes les troupes de l’armée, et commandant du district militaire oriental.

Un autre général ?

Mais le remplacement de Dvornikov n’est pas le seul changement dans la direction de l’armée russe. Andreï Serdioukov doit également prendre la porte: il est tenu pour responsable par Poutine, en tant que commandant des parachutistes, du fiasco d’Hostomel. Dans cette banlieue de Kiev, les parachutistes du VDV, les troupes d’élite de l’armée russe, étaient censées s’emparer de l’aéroport et de la base de l’avionneur Antonov dès le début de la guerre.

Cependant, les parachutistes russes ont rencontré plus de résistance que prévu et ont subi de lourdes pertes. La perte de ses troupes d’élite ne sera pas compensée pour la suite de la guerre : la Russie dispose principalement des soldats jeunes et inexpérimentés pour continuer le combat. Serdioukov a donc dû partir, mais on ne sait pas encore qui prendra sa place.

Bien qu’il ne s’agisse « que » de deux généraux, ces décisions ont des conséquences majeures pour la guerre en Russie. En même temps, cela montre comment Poutine et son peuple pensent et cela expose la mauvaise gestion au sommet de l’armée russe. Des dizaines de généraux et d’officiers de haut rang sont morts au combat, des dizaines d’autres, dont le commandant en chef Gerasimov, ont été blessés. Parmi ceux qui ont survécu, certains ont été renvoyés chez eux en raison de résultats décevants. C’est donc tout sauf un bel exemple d’un commandement d’armée bien organisé.

(OD)

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