« Poutine ne croit pas qu’il puisse se permettre de perdre la guerre » selon le directeur de la CIA

Vladimir Poutine « est dans un état d’esprit dans lequel il ne croit pas pouvoir se permettre » de « perdre » la guerre avec l’Ukraine qu’il a déclenchée. C’est ce qu’a souligné Bill Burns, le directeur de la CIA, l’agence de renseignement américaine, lors d’une conférence organisée ce samedi par le journal économique Financial Times. Le haut fonctionnaire a également évoqué la façon dont la Chine perçoit l’effort de guerre russe : pas très positivement.

Bien que les troupes russes n’aient pas réussi à s’emparer de Kiev et qu’elles aient du mal à progresser le long des principales lignes de front de la guerre dans le sud-est de la région du Donbas, le dirigeant russe n’a pas changé d’avis : ses troupes peuvent vaincre les Ukrainiens, a déclaré Bill Burns.

Poutine n’a pas été dissuadé juste « parce qu’il a mis beaucoup d’efforts dans les choix qu’il a fait pour lancer cette invasion », a soutenu l’espion en chef. « Je pense qu’il est maintenant convaincu qu’il (…) peut encore faire des progrès », estime Burns. De plus, « je pense qu’il est dans un état d’esprit où il ne croit pas pouvoir se permettre de perdre. »

Bill Burns a ajouté que Poutine est depuis des années furieux de l’évolution de la situation en Ukraine – qui faisait autrefois partie de l’Union soviétique – dans une « combinaison très enflammée de ressentiment, d’ambition et d’incertitude ».

Pas d’armes nucléaires

Bill Burns, ancien ambassadeur des États-Unis en Russie qui a passé beaucoup de temps à étudier le dirigeant russe, a également déclaré que ses services de renseignement et d’autres agences occidentales ne voient aucun signe indiquant que Moscou est prêt à déployer des armes nucléaires tactiques pour remporter une victoire en Ukraine, selon ce que rapporte France24.

« En tant que communauté du renseignement, nous ne voyons aucune preuve concrète à l’heure actuelle que la Russie a des plans pour le déploiement ou même l’utilisation potentielle d’armes nucléaires tactiques », a soutenu le directeur de la CIA. Il a déclaré que sa communauté du renseignement reste néanmoins très attentive à ce que fera la Russie « à un moment où les enjeux sont élevés (pour elle) ».

Les analystes géopolitiques et militaires, quant à eux, mettent en garde contre une possible mobilisation générale des troupes russes le lundi 9 mai – demain. Ce jour-là, en 1945, l’Union soviétique a vaincu l’Allemagne nazie. Depuis lors, cette date est célébrée chaque année comme le Jour de la Victoire, avec des défilés militaires. Pour Poutine, c’est le jour où il faut montrer à l’Occident la force de la Russie.

Burns n’a donné ni une évaluation de la situation actuelle sur le champ de bataille ni une prédiction de la façon dont la guerre allait se terminer.

La Chine est « alarmée »

Burns a également déclaré que la Chine, désormais considérée par Washington comme son principal adversaire, étudiait de près l’évolution de la guerre. Xi Jinping, le dirigeant chinois, serait surpris et alarmé par l’évolution du conflit.

« Il nous semble (…) que Xi Jinping est un peu troublé par les dommages à sa réputation que la Chine pourrait subir en s’associant à la brutalité des Russes (…), et il est certainement troublé par l’incertitude économique causée par la guerre », a déclaré le haut responsable de l’administration américaine.

Il a ajouté que la Chine était également consternée par « le fait que les actions de Poutine ont rapproché les Européens et les Américains » et qu’elle « examinait attentivement les leçons qu’elle devait en tirer » pour Taïwan.

« Je ne pense pas que cela ait affecté la détermination de Xi à prendre le contrôle de Taïwan, bien que cela affecte leurs calculs », a-t-il ajouté.

« Le plus grand défi géopolitique »

Le directeur de la CIA a déclaré que la Chine de Xi est le « plus grand défi géopolitique » auquel les États-Unis sont « confrontés à long terme », même si la menace de la Russie de Poutine ne doit pas être sous-estimée.

« Poutine démontre de manière inquiétante que les puissances déclinantes peuvent être au moins aussi perturbatrices que les puissances émergentes », conclut-il.

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