C’est la troisième fois en 40 ans qu’un avion de ce type est déployé en Europe. Il est capable de détecter et surveiller les activités nucléaires à longue distance. Et personne ne sait avec certitude ce qu’il vient faire au dessus de notre continent.
Cela fait au moins deux semaines qu’il rode, haut dans le ciel d’Europe: le WC-135 « Constant Phoenix » est un avion spécial du 45th Reconnaissance Squadron de l’US Air Force, doté d’équipements permettant de détecter et de collecter des particules radioactives présentes dans l’atmosphère. Ce gros oiseau a été mis au point en 1965, et 11 appareils seraient en service actuellement, personnalisés depuis différents modèles de l’aviateur Boeing. Ils ont pour mission de détecter et d’étudier les résidus issus d’expériences nucléaires, les tests militaires en particulier.
Oiseau renifleur en Méditerranée
Or, l’un de ces avions, surnommés communément « sniffeurs » ou « oiseaux-météo », est stationné sur l’aérodrome britannique de Mildenhall depuis la fin du mois de juillet. Et il enchaîne les missions au dessus de l’Europe : il a été observé le 5 août en Baltique, entre l’île suédoise de Götland et la Lituanie, tandis qu’un avion d’observation britannique et un appareil radar suédois survolaient la même zone. Il a ensuite plané au dessus des mers de Barents et de Norvège, accompagné de deux avions ravitailleurs KC-135 de l’US Air Force.
Le « Constant Phoenix » a effectué une autre mission en mer Noire le 12 août. Et il a dernièrement été observé ce 16 août: toujours au départ de la Grande-Bretagne, cet étrange oiseau a survolé la France du nord au sud pour atteindre la Méditerranée, toujours accompagné de ravitailleurs. L’appareil a fait demi-tour une fois arrivé à la verticale de la Sicile. L’un de ses deux ravitailleurs a, lui, continué jusqu’à Malte avant de reprendre le cap de l’Angleterre.
Trois missions européennes en 40 ans
Ces diverses missions restent bien mystérieuses. On peut raisonnablement supposer que celles au dessus des eaux froides avaient pour principal objectif de surveiller les activités russes. Le Kremlin est en effet suspecté d’expérimenter sur une nouvelle génération d’armes nucléaires dans des bases situées sur les rives de la mer Blanche. Quant au survol de la Méditerranée occidentale, il soulève bien plus de questions que de réponses: l’intérêt de déployer un avion détecteur de particules radioactives dans une région qui n’accueille à priori aucun arsenal nucléaire suscite bien des interrogations.
Quoiqu’il en soit, la présence d’un « Constant Phoenix » en Europe reste un événement en soi. Ce type d’avion n’avait -officiellement- été déployé précédemment que deux fois au dessus du Vieux Continent: au moment de la catastrophe de Tchernobyl, en 1986, et lors d’un pic de radioactivité observé dans plusieurs pays européens en février 2017.
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