Pourquoi les hausses des taux d’intérêt de la BCE ont encore de beaux jours devant elles

La prochaine réunion est encore loin, mais la Banque centrale européenne laisse déjà entendre qu’elle n’est pas près d’arrêter les hausses des taux d’intérêt.

Pourquoi est-ce important ?

La Banque centrale européenne est occupée à augmenter les taux d'intérêt, pour freiner l'inflation. Après une hausse de 50, puis de 75 par deux fois, quelle sera la prochaine sentence ? L'inflation européenne est surtout provoquée par les prix de l'énergie. Que se passera-t-il quand ces prix se calmeront ?

L’essentiel : La BCE émet des signes que les hausses des taux, ce n’est pas fini tout de suite.

  • En visite dans les pays baltes la semaine dernière, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a annoncé que le « travail de la BCE était loin d’être fini », rapporte le média économique français Les Echos.
  • Mais Lagarde n’est pas la seule à répéter cette petite musique. « Tant que l’inflation sous-jacente n’aura pas clairement atteint son pic, nous ne devrions pas nous arrêter de relever les taux », estime aussi de son côté le gouverneur de la France et représentant du pays au sein de la BCE François Villeroy de Galhau, cette semaine. Des propos surprenants, pour quelqu’un qui est plutôt considéré comme un centriste au sein de l’Institution monétaire.
  • Pour François Villeroy de Galhau, l’inflation globale devrait descendre au printemps prochain, avec la décrue des prix de l’énergie, estime-t-il. À en croire ses propos, la BCE pourrait tout de même continuer à augmenter les taux d’intérêt ; sauf si l’inflation sous-jacente (qui exclut les prix des denrées alimentaires et de l’énergie) baissait aussi.
  • Aux quatre coins du Globe, on pense pourtant à appuyer un peu sur le frein : autant l’Australie, que le Canada et même le Royaume-Uni ont indiqué passer à des hausses de taux moins élevées, qui précèdent habituellement une pause, puis une baisse. Même la Fed a laissé entendre qu’elle pourrait diminuer ses hausses, mais dans tous les cas de figures, des taux hauts pourraient rester plus longtemps que prévu. Ce qui n’a pas rassuré les marchés.

A l’avenir : La récession? Tant mieux.

  • Des taux d’intérêt élevés ont pour risque de freiner l’activité économique et de provoquer la récession. Mais pour la BCE, un refroidissement pourrait finalement être un allié, même s’il n’est pas suffisant, à lui tout seul, pour freiner l’inflation, expliquait Lagarde lors de sa visite.
  • L’institution s’attend à deux trimestres dans le rouge : le dernier de l’année et le premier de l’année prochaine. Cette récession serait cependant provoquée par les coûts de l’énergie et non par les taux d’intérêt. Ce qui laisse, aussi, une marge de manœuvre à la BCE pour augmenter les taux.
  • Mais tous les membres de la BCE ne semblent pas d’accord. Pour le membre du directoire Fabio Panetta, il ne faudrait pas enchaîner les hausses des taux trop rapidement, car les résultats ne seront visibles que dans un an, voire un an et demi.

Le chiffre : quel taux final?

  • Reste à savoir à quel taux la BCE s’arrêtera. Sa prochaine réunion décisive a lieu en décembre. Le taux de dépôt est actuellement situé à 1,5%. Le consensus des analystes semble être un taux final de 3%.
  • Mais comment y arriver ? Trois fois 50 points de base, deux fois 75 ? Un mélange des deux, voire avec une hausse encore plus petite ? Il n’y a aucun consensus.
  • A 2%, la BCE atteint ce qu’on appelle un taux neutre, où l’économie n’est ni freinée ni poussée dans le dos. Au-delà, le taux représente un bâton dans les roues de l’économie. Mais désormais, à en croire l’institution, elle serait prête à tout pour freiner l’inflation, même à voir débarquer la récession. Ce qui n’était pas le discours il y a encore quelques mois.
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